Planète Napoléon

Sur les traces du général Vergez (par Diégo Mané)

Extrait de correspondances adressées à Mme Anne Quéruel, historienne, et relatives à son ancêtre, sur lequel elle a depuis écrit un livre intitulé «Le bigourdan oublié». L’ouvrage vient de paraître (15/11/04) et a fait l’objet d’une présentation par un des membres de notre forum.

Votre ancêtre figure dans plusieurs de mes Ordres de Bataille :

Campagne de 1806 en Saxe : Colonel du 12e de Ligne, Brigade Petit (12e et 21e de Ligne) Division Gudin, IIIe Corps d’Armée, Maréchal Davout. Le nom est écrit «Vergès», ce qui nous ramène aux confusions déjà évoquées (j’ai corrigé l’orthographe dans mes propres OBs). Plusieurs écrits consultés parlent du rôle brillant joué par le 12e de Ligne à la célébrissime bataille d'Auerstaedt, le 14 0ctobre 1806. «A Auerstaedt le 12e résiste aux charges de Blücher, prend 22 canons et, par son intrépidité, assure le gain de la bataille» (Michel Loir). De fait le régiment est resté longtemps à former seul l'extrémité de la ligne.

C'est certainement le sommet de la carrière militaire de Vergez qui y sera gravement blessé, comme tant d'autres (16 Officiers tués et 20 blessés, soit 36 atteints sur les 75 composant l'officialité du 12e)... C'est donc par erreur qu'on le trouve encore Colonel du 12e dans les 0Bs de Décembre 1806, Janvier 1807 et même Eylau puisqu'il est nommé Général de Brigade le 23 0ctobre 1806, sous les ordres du Gouverneur de Berlin (d'après Six), sinécure permettant de récupérer de ses blessures.

Guerre d'Espagne, 1809-10 : le général est employé à la Division Souham du VIIe Corps de Gouvion-Saint-Cyr, bientôt « Armée de Catalogne ». Le 25 Février 1809 le général «Verge» commande une Brigade de Souham (1er et 3e Légère, 24e Dragons) à la bataille de Valls, avant d'être blessé à Vich le 23 Avril de la même année. On retrouve le GB «Vergès» commandant la 2e Brigade (114e et 121e de Ligne) de la 2e Division, Musnier, du IIIe Corps de Suchet, bientôt Armée d'Aragon, au 15 Avril 1810. Devant Lérida le 23 Avril. A Tortosa le 15 Août.

Campagne d'Allemagne, 1813 : au 5 Octobre, le GB «Vergez» (enfin bien écrit) commande la 2e Brigade (142e et 144e de Ligne) de la 11e Division, Ricard, au IIIe Corps de Souham, sous le commandement du Maréchal Ney. Il participe donc à la gigantesque bataille de Leipzig du 16 au 19 Octobre, et à la retraite vers le Rhin. Le 25 Octobre les débris du corps d'armée sont réorganisés à Erfurt et le GB Vergez commande ce qui reste de la 8e Division (6e et 16e Léger, 22e de Ligne ; 28e Léger, 40e, 59e et 69e de Ligne) soit 2.003 h au lieu des 5.491 présents le 5 Octobre).

Le 5 Novembre nouveau changement, le GB Vergez commande la 11e Division, forte des 2.478 survivants (sur 5.280 au 5 Octobre) des 9e Léger, 50e, 65e, 142e et 144e de Ligne... ...mais celà s'avère éphémère puisque je «retrouve» le GB «Vergès» le 16 Novembre comme commandant la 2e Brigade (52e, 54e, 67e et 101e de Ligne, en tout 5 bataillons à mi-effectif) de la 13e Division, Guilleminot, au IVe Corps de Bertrand, destiné à subir le siège de Mayence... auquel le général semble avoir échappé car se trouvant en France en 1814.

Belle carrière tout de même si on la résume par les noms de Novi, Auerstaedt, Valls et Leipzig. Ce palmarès en vaut bien d'autres !

Pouvant vous intéresser et faciles à trouver (LCV Services) je vous indique deux ouvrages récents :

«Iéna, Auerstaedt» par Hourtoulle. Bonne vulgarisation de la campagne de 1806.
Plusieurs plans montrent la position du 12e de Ligne le 14 Octobre.

«Journal des Opérations du IIIe Corps, 1813» par Fabry (réédition de celui de 1902 dont je dispose) qui décline jour par jour le parcours des divisions durant cette funeste campagne. Mais Vergez n'est cité que dans les ordres de bataille figurant en annexes.

Sur les traces du général Vergez (par Diégo Mané)

Nouvel échange relatif au général Vergez... et aux rapports de bataille : ... D'une certaine manière c'est, parlant de généraux du Premier Empire, ce que nous faisons (se mettre en situation) chaque samedi dans notre club de kriegspiel.

C'est un peu en pensant à vous, et donc au général Vergez, que je viens de mettre en ligne sur mon site internet, planète-napoleon.com, le rapport du général Delaborde, son "ami in situ" dans votre livre, dont j'ai pris le rôle le temps d'une bataille histo-ludique (Vimeiro 1808, rejouée en 2000 à Lure). ...

Lisez-le si vous en avez le temps, et vous constaterez que nous aussi poussons loin la mise en situation... jusqu'à, la bataille finie, rédiger, comme celà se faisait, le rapport des combats soutenus par nos troupes... dont on oublierait parfois, à la lecture comme à la rédaction, qu'il s'agit de soldats de plomb ! ...

Sur les traces du général Vergez (par Diégo Mané)

Toujours un échange relatif au général Vergez... et aux "oubliés". ...

Question de Mme Quéruel : "On m'a demandé, au cours d'une causerie dans le Gers ce week end (Janvier 2005), si je pouvais expliquer pourquoi certains généraux glorieux ont été oubliés alors que certains qui n'avaient qu'une action de bravoure à leur actif apparaissaient dans les livres d'histoire... Vaste question, non ? et qui n'est pas près d'avoir une réponse valable !"

Réponse : Si la question est "vaste", on peut y trouver de nombreuses réponses, sous forme d'exemples tirés des mémoires du temps... qui toutes mènent à la même conclusion : le "piston" existait déjà sous l'Empire.
Cela m'a un peu contrarié car, plus jeune, j'avais cru que l'époque avait vraiment, ce qu'elle a fait parfois mais pas toujours, récompensé le mérite... et seulement lui. Force m'a été de constater, lecture après lecture, que beaucoup de promotions devaient plus aux influences des "protecteurs" qu'aux mérites réels des "protégés".

Le général Vergez n'est qu'une "victime" parmi des milliers d'autres... encore heureuses de leur sort car sans la Révolution jamais la plupart ne serait "sortie du néant" (Ney dixit). Maintenant ce n'est peut-être pas dans l'air du temps de souligner ce genre de bégaiements de l'Histoire, aujourd'hui devenus aussi chroniques que "normaux", alors sans doute vaut-il mieux invoquer le hasard malheureux, la malchance, l'éloignement du Maître... qui pourtant a lui-même nommés, par amitié (?), un nombre conséquent d'incapables à des postes assez élevés pour compromettre la survie même de son Empire. Ce qui devait arriver arriva en effet lorsque lesdits incapables durent faire montre de... capacités !
Nous pourrions disserter longuement sur ce sujet, à vrai dire inépuisable. ...

Le général Vergez (par Frédéric Fédor ?)

Dans de nombreux ordres de bataille à la place du nom du général il y a (...), soit que le nom ait été oublié, soit qu'il n'a pas été rapporté, de nombreux généraux ont été oubliés par l'Histoire au fil des siècles. Certains se sont même faits peut-être oublier. Nombreux ne figurent pas sur l'arc de triomphe, dont le général Hugo par exemple, père de Victor. Il y a eu aussi des homonymes, des noms se rapprochant les uns des autres, Puthod, Pacthod, servant parfois dans le même corps d'armée.

Dans le même genre, Napoléon employait des espions très nombreux dont certains chefs d'espionnage dont les noms ne nous sont pas parvenus, les façades étant Savary, Schulmeister et d'autres. Certains ont laissé des mémoires, des archives secrètes ont été ainsi retrouvées. Certains se sont ainsi couverts, c'est un peu comme si aujourd'hui l'un d'entre eux avait les moyens de faire sauter la planète, on lui ficherait une paix royale.

Aux figurines, c'est celui qui sait anticiper qui gagne, qui prévoit les coups de ses adversaires, et qui laisse parfois gagner l'autre. Sous le 1er Empire, il y avait sans doute des hommes de l'ombre qui ont permis de faire briller les maréchaux et l'Empereur, il y a ce qui est dans les livres et le reste. Certains généraux, certaines personnalités ont été oubliées sans nul doute, lisez le dictionnaire du 1er empire de Tulard là dessus ; et il n'est pas exhaustif...de nombreux noms importants ont été oubliés... dont Vergez...