Benidorm 1812

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Benidorm 1812

Messagepar MANÉ Diégo sur 30 Nov 2012, 18:14

Benidorm (viens et dors !), aujourd'hui charmante station balnéaire du valencian, n'avait que 2.500 habitants en 1812 lorsque les Français de Suchet l'occupèrent. Qui s'en soucie ici aujourd'hui ?

Personne, bien sûr. En revanche là-bas, il n'est pas de bourgade et même de village qui ne cherche et trouve un événement, même insignifiant, à commémorer dans le cadre du bicentenaire* car, eux au moins l'ont compris, c'est bon pour l'activité culturelle et donc aussi pour le commerce local !

* Voir par exemple mon post sur la "bataille du Raboser", ici :

viewtopic.php?f=1&t=926&p=5041&hilit=bataille+du+Raboser#p5041

Revenant à Benidorm qui a trouvé son événement à fêter, en outre de portée multinationale puisqu'il concerne certes des Français (qui s'en moquent, on l'a vu) mais aussi et surtout des Anglais, ce qui est à la fois plus rare et aussi plus intéressant puisque les Britanniques, eux, sont friands et demandeurs du genre, en plus de fournir de gros bataillons de touristes, bien plus nombreux que les protagonistes de l'anecdote que je vais vous traduire de la prose espagnole qui m'est parvenue par le bulletin n° 196 de l'"Asociacion napoleonica valenciana".

Dont'acte.

"UNE LUTTE ENTRE VAILLANTS SOLDATS QUI FINIRENT PAR DÎNER ENSEMBLE"

Huit "marines" (fusiliers marins) britanniques luttèrent contre quatre-vingt soldats de l'Empire français, qui occupaient Benidorm.

"L'histoire navale" de William James dit que le 10 août 1812, deux navires britanniques virent trois petits bateaux français dans la baie de Benidorm, protégés par un château situé sur les hauteurs, armé de 24 canons, et par une batterie de 6 pièces et quatre-vingt hommes sur la plage même.

Devant la supériorité des Français, les Anglais optèrent pour rester en position pour bloquer les corsaires français, et pour le faire de manière plus efficace, envoyèrent chaque nuit un canot près du rivage.

Le 12 août, un canot avec le lieutenant Michael Dwyer et sept "marines" était de service lorsqu'il vit l'opportunité de débarquer. Pensant que les Français s'étaient retirés, laissant une trentaine d'hommes en ville, les Britanniques débarquèrent à cinq kilomètres à l'ouest, dans l'intention d'attaquer, selon dit la chronique. Une sentinelle française leur cria le "qui vive" et Dwyer, avec détermination, lui répondit en espagnol qu'ils étaient des paysans, de sorte qu'ils purent continuer et ainsi attaquer la batterie sans avoir été repérés, selon dit le document historique.

Ils pensaient toutefois qu'ils allaient lutter contre vingt hommes et ils en trouvèrent quatre-vingt, ce qui ne les empêcha pas d'engager le combat et même de prendre et garder la batterie de la plage durant quelques minutes. La chronique ajoute qu'ils continuèrent même à lutter lorsqu'ils se virent plus tard encerclés par deux-cents soldats français.

Le document parle d'un "marine" blessé d'un coup de feu à l'oeil et continuant de lutter sans y porter attention : "Il me reste toujours le gauche", raconte l'histoire. Elle dit aussi comment le lieutenant continuait à se battre après avoir reçu 17 coups de baïonnettes au corps à corps, comme aussi d'autres péripéties qui amenèrent le capitaine français, Foubert, et le général Gudin, l'officier français en charge du commandement, à ressentir de l'admiration pour le "courage invincible" du petit groupe.

Tant et si bien que Gudin invita à dîner le captain Peyton, commandant des navires britanniques postés devant Benidorm. Ainsi fut-il reçu par le général français en personne, lui et son valeureux équipage, afin de lui transmettre ses félicitations pour avoir de tels hommes sous ses ordres."

Fin de l'histoire... qui m'a plu... et dont je vous ai conséquemment fait profiter.

Il en ressort tout de même que les Anglais (surtout les jeunes lieutenants de "marines") ne doutent de rien... et celle histoire en rappelle en miniature une autre du même genre mais plus conséquente, nommée Fuengirola, où une brigade britannique entière perdit son général, capturé, et fut ridiculisée par quelques compagnies polonaises !

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