L'occupation de Toulon en 1793…

Tous les sujets relatifs aux guerres de la Révolution et de l'Empire (1792-1815) ont leur place ici. Le but est qu'il en soit débattu de manière sérieuse, voire studieuse. Les questions amenant des développements importants ou nouveaux pourront voir ces derniers se transformer en articles "permanents" sur le site.

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Re: L'occupation de Toulon en 1793…

Messagepar BEYER Olivier sur 06 Sep 2015, 16:57

J'espère que Toulon ne connut pas le sort de Lyon, ville "affranchie" et destinée à être détruite...
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Re: L'occupation de Toulon en 1793…

Messagepar MORGAN Nicholas sur 06 Sep 2015, 21:54

Super, merci beaucoup ;)

Une idée d'où étaient stationnés tous ces soldats coalisés pendant l'occupation?
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Re: L'occupation de Toulon en 1793…

Messagepar MASSON Bruno sur 09 Sep 2015, 17:44

BEYER Olivier a écrit:J'espère que Toulon ne connut pas le sort de Lyon, ville "affranchie" et destinée à être détruite...


dans les textes, sans doute pas, on a besoin du port et de l'arsenal (ce qu'il en reste).
dans les faits, il est probable que les exécutions sommaires ait été aussi nombreuses parmi les civils, comme c'était la mode de l'époque

/edit: pour Nicolas Morgan, il y a la liste des points gardés dans Fortescue, mais là j'ai vraiment pas le temps...
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Re: L'occupation de Toulon en 1793…

Messagepar MANÉ Diégo sur 09 Sep 2015, 21:09

Pour Nicholas,

En avant-première du prochain épisode que je posterai bientôt je pense me souvenir (je ne suis pas chez moi) que les Espagnols s'installent Porte d'Italie et les Anglais Porte de France.

Pour Olivier,

Toulon fut débaptisée et désormais appelée "Port-La-Montagne". Une répression féroce y fut exercée, dont je vous parlerai dans l'épisode final du feuilleton.

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Re: L'occupation de Toulon en 1793…

Messagepar MORGAN Nicholas sur 10 Sep 2015, 15:14

MASSON Bruno a écrit:/edit: pour Nicolas Morgan, il y a la liste des points gardés dans Fortescue, mais là j'ai vraiment pas le temps...


Hey pas de problème, vous avez déjà fait énormément et j'apprécie beaucoup! Vous avez aussi par là même aiguillé mes propres recherches, merci!
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Re: L'occupation de Toulon en 1793…

Messagepar MANÉ Diégo sur 12 Sep 2015, 19:23

Entrée des flottes alliées dans Toulon, le 29 août 1793

Le port fut remis aux Alliés après accord entre l’amiral anglais Hood et le contre-amiral français Trogoff.

Alors que Hood dispose de 23 vaisseaux, 14 frégates et 13 autres bâtiments, avec 22000 marins, il ne fait débarquer que 1600 hommes qui vont s’installer à la porte de France.

L’Espagne débarque le même jour 3000 hommes sur les 23000 de leurs 23 vaisseaux et 8 frégates. C’est l’amiral Gravina, avec tous les pouvoirs pour mener les opérations à terre. qui est chargé de l’opération. Il s’avance à la tête des vaisseaux San Ildefonso, San Agustin, Bahama et San Leandro, et débarque d’abord 800 fantassins et 200 artilleurs de marine aux ordres du capitaine de vaisseau don Antonio de Estrada, secondé par le capitaine de frégate don Joaquin de Barrada. Ils s’installent porte d’Italie.

A 9 heures du soir de ce même 29 août les forces alliées avaient pris possession de la place et des forts extérieurs. Louis XVII fut proclamé roi de France. Il fut décidé d’envoyer, sous le brigadier don Domingo de la Nava, les vaisseaux San Ildefonso et San Joaquin croiser devant Marseille afin d’intercepter toute communication de cette place par mer. On désarma les 17 navires français présents et en débarqua la poudre. A terre les artilleurs espagnols ôtèrent les 18 canons des forts à même de battre la rade et détruisirent les fours à boulets rouges.

Le 30 août un député des Sections (royalistes) de Toulon vint présenter, au nom des «parties saines» de sa population (300 Jacobins avaient été incarcérés), ses respects à Langara, taxé de «libérateur et protecteur» de la ville («...anglais magnanime, espagnol généreux..., et toute cette sorte de choses... dois-je ajouter «désintéressés» ?).

Le contre-amiral français républicain Saint-Julien (commandant les 7 navires restés fidèles), dont la tête était mise à prix par les Royalistes et poursuivi par eux, se rendit à l’amiral Hood. Il fut conduit prisonnier de guerre à Barcelona à bord du San Fermin.

Sur cérémonial établi entre don Ignacio Maria de Alava et le contre-amiral Hyde Parker, les deux «grands» chefs alliés, Langara et Hood, se rencontrèrent au milieu de la rade, sur le navire amiral de ce dernier, avant d’inspecter ensemble les forts extérieurs de la place, et se rendre à la résidence du gouverneur. Là, en présence des autorités de Toulon on fit reconnaître Gravina comme commandant général des troupes et le contre-amiral britannique Samuel Granston Goodhall comme gouverneur de la place. Devant la possible nécessité de disposer à terre de davantage de forces, on prépara à bord des navires 1000 marins espagnols et 1000 anglais prêts à débarquer au premier avis.

... à suivre ...
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Re: L'occupation de Toulon en 1793…

Messagepar MANÉ Diégo sur 19 Sep 2015, 19:30

Principaux combats du siège de Toulon en 1793

30 août : première sortie des Alliés. Occupation d’Ollioules.

6-7 septembre : combats dans les environs d’Ollioules. Les Alliés perdent la position.

7 septembre : soutien de la retraite d’Ollioules.

18 septembre : duels d’artillerie entre les batteries républicaines de La Seyne et les batteries flottantes et navires alliés.

21 septembre : débarquement de Gravina pour garnir la péninsule du Caire.

22 septembre : attaques républicaines contre les positions de ladite péninsule.

23 et 25 septembre : duels d’artillerie entre les batteries républicaines et les navires.

26 septembre : combat d’artillerie dans le secteur Faron-Fort Pomet.

1er octobre : combat sur les hauteurs de Faron. Gravina est blessé.

8 octobre : coup de main allié pour enclouer les canons tirant sur la position de Balaguier.

14 octobre : attaque républicaine et contre-attaque alliée secteur de Malbousquet.

14 octobre : sortie du gouverneur britannique du château de La Malgue, et conquête des hauteurs du cap Brun.

15 octobre : combats dans la zone La Valette-La Garde-Cap Brun. Récupération des hauteurs de ce dernier point.

15 novembre : attaques républicaines dans le secteur de Malbousquet, intervenant des barges canonnières espagnoles.

15 novembre : attaques républicaines sur Saint-Antoine le Petit.

15 novembre : attaques républicaines sur la péninsule du Caire.

28 novembre : sortie contre la batterie Avenne. Combats dans le secteur de Malbousquet.
Le général O’Hara est fait prisonnier.

28 novembre : combat à l’ouest de Malbousquet. Des forces de Gravina et des barges repoussent une colonne républicaine.

16 et 17 décembre : attaques contre la péninsule du Caire. Perte de toutes les positions.
Repli des restes des garnisons de ladite péninsule.

17 décembre : attaques contre Saint-Antoine le Grand.

17 décembre : attaques dans le secteur de Faron. Les Alliés doivent se retirer.

18 décembre : évacuation des malades et blessés et des Toulonnais royalistes.

Repli des troupes de la poterne proche de la Porte d’Italie et embarquement sous le fort de La Malgue, dirigé par don Ignacio Maria de Alava.

... à suivre ...
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Re: L'occupation de Toulon en 1793…

Messagepar MORGAN Nicholas sur 25 Sep 2015, 01:16

:)

(juste pour montrer que j’existe toujours)
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Re: L'occupation de Toulon en 1793…

Messagepar MANÉ Diégo sur 25 Sep 2015, 14:10

Début des opérations tactiques terrestres

Dès le 30 août après-midi le capitaine de vaisseau anglais Elphinstone mène 300 fantassins de marine espagnols et 200 britanniques vers Ollioules, position clé sur la route de Marseille à deux lieues de Toulon. 1500 Républicains sortent du village sans se méfier quand les Alliés les attaquent et les chassent, leur prenant deux de leur quatre canons, un drapeau et trente prisonniers. Le lieutenant de vaisseau don José Montero de Espinosa, qui commandait les Espagnols, se distingue particulièrement à cette occasion.

C’est au cours de ce même combat que le commandant de l’artillerie républicaine de l’armée de Carteaux, le lieutenant-colonel Dommartin, est gravement blessé, ce qui amènera un certain capitaine Napoléon Bonaparte à prendre par intérim la direction de l’arme savante au cours du siège...

Le 6 septembre les Français reviennent en nombre et s’emparent des hauteurs dominant Ollioules. Don Diego Bret, capitaine du régiment Hibernia, distribue ses 150 hommes en deux détachements, manoeuvre à leur tête les Républicains qu’il chasse avec pertes sur Grand Cervaux. Il est ensuite renforcé par deux compagnies de grenadiers. Une du régiment de la Marina, l’autre du régiment de Mallorca, ainsi que 170 hommes de la garde nationale royaliste, parvenant ainsi à bloquer les Français. Depuis les avant postes de ces derniers fusaient les insultes les plus grossières, surtout à destination des Royalistes.

A huit heures du matin le 7 septembre les Républicains reviennent encore, et sont d’abord stoppés par Bret avec perte de quinze tués et beaucoup de blessés. Mais le chariot de munitions envoyé depuis Toulon s’étant égaré et le détachement n’ayant plus de cartouches, Bret donna l’ordre de la retraite. A midi Carteaux lança en personne trois colonnes françaises à l’assaut. Deux flanquant par les hauteurs la troisième sur la route, dont 2 canons de 12 £ et 50 dragons appuyaient l’infanterie. Le sous-lieutenant Angel Blanco faisait l’ultime arrière-garde alliée avec ses cinquante fantassins du régiment Mallorca qui brûlèrent leurs toutes dernières cartouches en se repliant en ordre. Le verrou d’Ollioules était tombé.

A deux heures et demie de l’après-midi était sortie de Toulon sous le brigadier don Domingo Izquierdo, second de Gravina, et sous lui le capitaine de vaisseau Estrada, le colonel comte del Puerto et le colonel français Villeneuve, tout cet état-major pléthorique ne commandant qu’à 200 Espagnols munis de quatre canons de bataillon et 100 Anglais.

La colonne rallie au passage les forces en repli et trouve les Français un mille en avant d’Ollioules à deux milles des forts de Malbousquet et de Saint-Antoine. Le brigadier espagnol ordonne l’attaque directe afin de favoriser le repli des ci-devant défenseurs d’Ollioules, mais son artillerie de 4 £ ne peut lutter contre les 12 £ des Français, et après avoir occasionné de nouvelles pertes à l’ennemi l’infanterie espagnole se replie avant d’être tournée.

Gravina étant à son tour accouru avec un renfort de 500 hommes, le repli en ordre de toutes les forces alliées (moins 100 hommes du régiment Hibernia laissés à Malbousquet) sur la place de Toulon n’est pas inquiété par les Français. Un déserteur de ces derniers indiqua qu’ils étaient plus de 4000 qui s’étaient emparés d’Ollioules au prix de 150 tués et de très nombreux blessés. Les Espagnols avaient eu 68 pertes, en majorité des blessés, et les Français royalistes 56 pertes, en majorité des tués... de là à penser qu’ils jouirent d’un traitement «spécial» ayant encouragé la déroute de leurs camarades...

Carteaux établit son QG à Ollioules et se prépare à assiéger Toulon. En ville le colonel britannique Mulgrave assume le commandement du contingent anglais. Il demande aux autorités de Toulon de constituer un bataillon de miliciens pour coopérer à la défense en remplacement de la garde nationale qui est désarmée suite à sa pauvre prestation devant Ollioules.

Le même jour à Londres Henry Dundas consulte l’Amirauté qui l’autorise à envoyer deux divisions depuis l’Angleterre et deux bataillons depuis Gibraltar... mais ces décisions ne seront pas suivies d’effet. En revanche Naples enverra 4800 fantassins, 4 vaisseaux, 4 frégates et 4 corvettes, tandis que le Piémont-Sardaigne participera avec 1700 fantassins et une frégate.

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... à suivre...

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Re: L'occupation de Toulon en 1793…

Messagepar MASSON Bruno sur 26 Sep 2015, 06:02

MANÉ Diégo a écrit:
Le même jour à Londres Henry Dundas consulte l’Amirauté qui l’autorise à envoyer deux divisions depuis l’Angleterre


Ca c'est impossible. Ces troupes n'existent pas, Dundas le sait (il sait compter même s'il ne sait pas faire grand chose d'autre), et l'Amirauté n'a rien à voir là-dedans, surtout pas donner une "autorisation" à ses supérieurs civils!
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Re: L'occupation de Toulon en 1793…

Messagepar MANÉ Diégo sur 26 Sep 2015, 09:26

Le travail d'équipe, il n'y a que çà de vrai. Heureusement que Bruno veille et corrige mes "à peu près" !

De fait, je le rappelle, les messages que je délivre sont la traduction littérale (en l'occurrence "à peu près" d'où le coup de règle sur les doigts tendus) de textes espagnols et donc donnent le point de vue des Ibères, pas forcément juste en droit canon britannique...

Ne pratiquant pas non plus souvent l'Espagnol, surtout littéraire, j'ai traduit un peu vite "autorisandose" (étant autorisé) comme "autorisandole" (l'autorisant). Bref, dans l'esprit il faut comprendre que Dundas, soit avait le pouvoir de décision soit l'avait obtenu d'une autre entité que l'Amirauté, qui n'était que "consultée" sur la faisabilité technique du transport des troupes que l'on pensait envoyer. Le résultat final étant qu'il fut au moins "envisagé" l'envoi des troupes susdites.

J'ai aussi abrégé les circonstances ayant abouti à... rien, puisqu'aucune troupe ne parvint à temps à Toulon. Je traduis plus longuement ce passage ici car il mentionne les troupes dont l'envoi était envisagé. Ledit passage est à situer immédiatement après la mention des renforts envoyés par Naples.

"Le reste des renforts alliés destinés à Toulon n'arrivera jamais. A Southampton embarque une divisions de 4500 Anglais qui, par peur d'un débarquement français sont retenus en Grande Bretagne, comme les 5000 mercenaires de Hesse (voilà donc les "deux divisions"). Les troupes de Gibraltar n'arriveront pas à temps. Le Saint Empire dispose de 8500 soldats en Italie du nord qui, pour cause de disputes territoriales avec le Piémont, resteront l'arme au pied."
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Re: L'occupation de Toulon en 1793…

Messagepar MASSON Bruno sur 27 Sep 2015, 09:13

En me replongeant dans mes sources à propos de ces "deux divisions", voici ce que je trouve sur les ressources anglaises en soldats à l'été /automne.

-le théâtre d'opérations principal est l'archipel Caraïbe, qui absorbe la majeure partie des troupes disponibles, avec un taux de pertes de 100% sur deux ans par la maladie.
-un théâtre secondaire a été ouvert en Europe dans les Flandres, où le Duc d'York se bat avec des troupes plus ou moins constamment en partance pour ailleurs.

aux mois de Juillet/Août/Septembre arrivent des émissaires royalistes d'un peu partout en France, demandant des armes, des canons et parfois des troupes pour combattre l'oppression centralisatrice parisienne, plus l'occupation de Toulon. la meilleure possibilité étant à mon avis donnée en Vendée (la côte méditerranéenne est loin de Paris, logistiquement le terrain est une catastrophe, et le commandement sera forcément multinational, préambule à un échec annoncé.
le gouvernement anglais va donc envoyer des messagers aux Vendéens leur promettant de façon éhontée un soutien irréaliste, puisque ce n'est que début décembre que le cabinet se penchera sur la faisabilité d'une descente sur les côtes Ouest.

l'Armée des Flandres attend fin Août huit bataillons anglais et 4000 mercenaires hessois, mais les succès de Ménin et Avesne-le-Sec mi-septembre font que Dundas pense pouvoir retirer des troupes de renforts pour monter une autre expédition vers les Indes Occidentales. Son commandant est déjà désigné en la personne de lord Grey, et le duc d'York apprend juste après le débarquement de ses huit bataillons qu'il dit les renvoyer immédiatement, que les hessois ont été retenus en Angleterre pour ce projet, et qu'il faudra qu'il se sépare d'une partie de son artillerie pour Toulon.

les bataillons Anglais sortant à peine d'Ostende font demi-tour et y retournent, les 4 premiers embarquent, mais après que le chef d'état major en Flandres ait fait comprendre que ce retrait va forcer l'abandon de ce même port, Dundas, sans en référer aux généraux sur place, ordonne au commandant de la place de garder les 4 derniers.

Les victoires françaises de Wattignies, Marchiennes et Cysoing font perdre aux coalisés le terrain qu'ils avaient gagné, et Dundas terrorisé envoie lord Grey avec les 4 bataillons juste arrivés à Ostende (toujours sans mention au duc d'York), avec tout pouvoir sur l'abandon ou la défense de la place (28 Octobre).

il est donc manifeste que les "deux divisions" ont une réalité dans les papiers du gouvernement anglais, mais qu'en aucune façon elles ne sont disponible, et qu'il n'est jamais venu à son esprit de les diriger vers Toulon...
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Re: L'occupation de Toulon en 1793…

Messagepar MANÉ Diégo sur 27 Sep 2015, 19:35

Le résultat de tout cela, vu de l'extérieur, semble vraiment perfide, Albion !
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Re: L'occupation de Toulon en 1793…

Messagepar FONTANEL Patrick sur 28 Sep 2015, 20:25

Très interessants vos divers éclairages !
Je n'imaginais pas comme les situations étaient à la fois limpides et aussi complexes... Comme quoi tout dépend de l'angle sous lequel on regarde les choses.

Merci pour toutes ces infos.
Je note l'exploit de n'avoir pas vu citer Bonaparte plus d'une fois par page. Son rôle dans la réussite des opérations fut il moindre que ce que la légende laisse entendre ? Sans doute, mais à quelle hauteur a-t-il participé à la bonne fin de ce siège de Toulon ?
La force d'une armée, comme la quantité de mouvement en mécanique, s'évalue par la masse multipliée par la vitesse.
[Napoléon Bonaparte]
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Re: L'occupation de Toulon en 1793…

Messagepar MANÉ Diégo sur 29 Sep 2015, 10:20

Bonaparte ? Il suffisait de demander !

Mais avant la bonne fin commençons par le fin début !

Bonaparte entre en lice

Le 7 septembre le poste de commandant de l’artillerie de l’armée de Carteaux est vacant.
Les Représentants du Peuple sont à la recherche d’un «candidat» présentant les qualités requises, soit d’abord et avant tout un profil politique irréprochable, et si possible un bon CV militaire. Or les officiers d’artillerie, l’arme savante, ne courent pas les rues à l’époque, car le simple courage où le solide jacobinisme ne suffisent pas à faire un bon artilleur. L’opportunisme en revanche peut s’avérer décisif.

Un certain capitaine Bonaparte, alors chargé d’escorter des convois de vivres apprend qu’une place est à saisir. Il n’hésite pas à se présenter impromptu un soir aux représentants réunis dans une auberge de Beausset. Il leur soumet son pamphlet «Le souper de Beaucaire», qu’il a rédigé sur l’emploi de l’artillerie au «siège» de Marseille, parlant de sa sympathie pour les Jacobins et de son mépris pour les Monarchistes.

Le représentant Salicetti est impressionné par l’ardeur de Bonaparte et, bien qu’il existât d’autres officiers disponibles et surtout plus expérimentés que lui, aucun ne présentait d’aussi bonnes dispositions politiques. Il semble aussi que le représentant, Corse comme le candidat, ce qui ne gâte rien, connaissait la compromission de la famille Bonaparte en faveur de la République et contre l’indépendance de la Corse... La rumeur enfin courut qu’il éprouvait de l’attirance pour la soeur du capitaine, Caroline...

Quoi qu’il en soit les représentants, après un court aparté, informent Bonaparte que dès le lendemain il devra se présenter à Carteaux en son QG de Ollioules, en tant que commandant intérimaire de son artillerie, en vertu des pouvoirs écrits qu’ils lui donnent.

Ayant quitté la taverne à l’aube, le diligent officier inspecte les batteries républicaines positionnées à l’ouest de Toulon, trouvant leurs emplacements très défectueux, sans doute par manque d’un chef à l’arme, comme aussi le mépris dans lequel la tient le général Carteaux qui compte enlever la ville par un assaut massif sans perdre du temps à une quelconque préparation d’artillerie qu’il juge inutile.

A midi le capitaine se présente au général, lui faisant part du résultat de son inspection matinale, et lui suggérant de bombarder la flotte alliée avant d’attaquer; plus tard il grossira le trait en disant que le général ne connaissait rien à l’artillerie et qu’il dût lui faire une sorte de cours didactique pour lui faire comprendre son utilité. En réalité le général en chef laisse faire son capitaine d’artillerie car il lui a été imposé par Salicetti, qu’il craint, et parce-qu’il n’a rien à perdre dans l’affaire.

Le jeune officier se plonge aussitôt au travail, déployant ses vastes connaissances en artillerie, et surtout donnant libre cours à ses talents innés de planification, commandement et organisation, avec la ferme détermination de gagner le respect de ses protecteurs afin qu’ils le confirment dans son poste, car pour lors il n’est qu’un intérimaire, ayant sous ses ordres 300 artilleurs avec 24 pièces légères, 100 animaux de trait et des chariots de transport.

Bonaparte trouve un emplacement adéquat pour une batterie lourde sur les hauteurs de Brégaillon, à l’ouest de Toulon, d’où il pourrait bombarder les navires alliés. Il ordonne à ses hommes d’y transporter les canons lourds de deux forts côtiers, outre les matériels nécessaires pour les monter et les ravitailler en munitions bien qu’il y ait peu de poudre. Les travaux de retranchement et d’accès de la batterie demandent 48 heures de travail.

Le 18 septembre au lever du soleil, Bonaparte invite les représentants à inspecter sa batterie de 5 pièces, toutes sur leur incommode affût naval. Les représentants Fréron et Salicetti répondent à l’invitation et assistent avec plaisir le commencement du bombardement sur l’"Aurore", frégate française manoeuvrée par un équipage anglais, qui se trouve presque hors de portée de la batterie, à quelques 1500 mètres; après quelques tirs la poudre disponible fut épuisée.

Les représentants quittèrent contents la batterie, emportés par l’optimisme contagieux de leur nouveau commandant de l’artillerie qui, avec cette action bien vue et entendue de tous, a permis de relever le moral du reste de l’armée républicaine. L’efficacité du bombardement fut nulle, les boulets ne touchèrent pas la frégate ennemie, tandis que les marins espagnols du reste de la flotte contemplaient avec ennui les sporadiques «plouf» produits par les projectiles s’enfonçant, inutiles, dans les eaux du port.

Bonaparte conserve cependant la bienveillance des Jacobins, qui le considèrent actif et exemplaire, gagnant ainsi le temps de leur prouver sa compétence comme artilleur. Durant les semaines suivantes il déploiera de nouvelles batteries à même de menacer les Alliés.

... à suivre...

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