L'artillerie russe à partir de 1809-1810

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L'artillerie russe à partir de 1809-1810

Messagepar REMY Nicolas-Denis sur 21 Mar 2016, 16:11

Bonjour,
Les éléments que je vais donner ici sont en grande partie tirés de "Tactics of the Russian Army in the Napoleonic Wars" volume 2 des frères Zhmodikov ( collection The Nafziger Collection) . Le deuxième tome est spécifique à la période.

Pour commencer, et pour mettre fin à certains mythes, je vais indiquer que l'artillerie à cheval russe est aussi composé de personnels motivés (certains diront barges comme l'artillerie britannique) . En effet, d'après les mémoires citées par les auteurs de "Tactics of ...", le fait de charger canons attelés à travers un ennemi pour sauver leurs pièces soit un élément courant. Deux exemples sont cités :
-Krasnoi (5/17 novembre 1812), la 7e compagnie d'artillerie à cheval commandée par le colonel Nikitin, réputé comme un des meilleurs artilleurs de l'armée russe, chargea avec cette batterie sur une batterie se repliant pour prendre sa place et capturer des canons (2 en fait plus 300 prisonniers)
-Denewitz (25 aout/6 septembre 1813), la 13e compagnie d'artillerie à cheval fait de même avec le même résultat ou presque (elle occupe la position et capture 2 pièces)
- A Etoges et Champaubert, la 8e compagnie d'artillerie à cheval menée par son lieutenant-colonel (Shusherin) perça à travers la cavalerie française pour se sauver.

Le mythe du sacrifice des hommes au profit des pièces ; même si elles sont considérées comme importante, les pertes en hommes sont, dès 1810, plus importantes que le matériel surtout si la batterie a causé nombre de pertes dans les rangs ennemis. Par contre, comme pour les autres armes, une position désignée doit être prise et/ou conservée le plus longtemps possibles. C'est là le changement de mythe à faire.
Par contre, les officiers avaient tendance à sauver leurs pièces et leurs hommes si une menace se montraient excessivement forte sous prétexte de manque de munitions ! Des ordres pour changer l'organisation des munitions et les changements de places sans ordres furent clairement donnés à Borodino et avant la campagne d'hiver de 1812. Il semble cependant que la pratique resta en raison des lacunes de la logistique.

Une autre notion est apparut est la confiance de l'artillerie dans les autres armes. Les artilleurs à pied n'ont aucune confiance dans leur cavalerie qu'ils considèrent comme des personnes évitant le sacrifice ! Par contre, l'infanterie est vue comme une très chère amie ! Les auteurs montrent que les artilleurs ont eu tendance à plus tenir voir soutenir plus longtemps que raisonnables dès lors qu'ils étaient avec des régiments d'infanterie.


Concernant l'instruction des officiers et des hommes, les auteurs sont très précis. Seules les artilleries de la garde disposaient auparavant d'une école. De là étaient formés les troupes de la garde et les officiers d'artillerie à cheval jusqu'en 1806. A cette date, une compagnie d'instruction est formée pour l'artillerie de la ligne au sein de l'école de la garde. Elle reçoit 210 hommes et à partir de 1811 48 officiers. Un examen annuel est à passer. les soldats deviennent sous-officiers, les sous-officiers deviennent officiers et les officiers intègrent l'inspection d'artillerie.
L'entraînement généralisé pendant toute la période se fait dans la compagnie d 'affectation sous la responsabilité du chef de l'artillerie du corps d'affectation.

Le gros problème dont à faire face l'artillerie, y compris dans les recrutements pour les formations, est le manque d'instruction basique de ses recrues. Hormis le recrutement dans la noblesse éduquée (qui forme l'artillerie à cheval et la garde ) la plupart se font comme pour l'infanterie, d'où des chiffres effrayant même pour les officiers d'une arme technique même de ligne :
Environ 65% des officiers ne savent pas lire, écrire ou calculer
Environ 9% parlent une autre langue que le russe, savent lire, écrire et calculer
Le reste savent lire, écrire et calculer du basique au courant.

Un autre problème semble être souligné par les auteurs est le problème des moyens de visée des canons. Le système doit être monté et remonté lors de chaque tir, sinon les mouvements violents subis par le canon lors du tir endommagerait le système.

Cela explique que nombre de prisonniers français aient été recrutés par les familles ayant les moyens de subvenir à leurs besoins et disposant d'une certaine marge pour éduquer leurs progénitures !

Cela explique pour moi la considération pour l'artillerie légère à pied et feu 1 :cry:
Pour les mouvements de manoeuvres, autrement dit le CCF, la considération du mouvement national me font penché pour un 2 (normal) pour l'artillerie à pied qu'elle soit de position ou légère, de la ligne ou de la garde et un 3(supérieur) pour l'artillerie à cheval de la ligne et de la garde. N'oublions pas que la cavalerie est l'arme de la noblesse, le plus souvent éduquée. La discussion est ouverte !
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