Napoléon, anticlérical ?

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Napoléon, anticlérical ?

Messagepar BEYER Olivier sur 04 Nov 2009, 18:27

Napoléon était-il anti clérical ? D'après l'extrait du Moniteur Universel qui va suivre, cela ne fait pas de doute, la suite de sa carrière et ses relation "compliquées" avec le Pape confirmeront ce compte rendu envoyé en l'an V. Après tout, n'était-il pas initialement jacobin ?


Extrait du rapport du général Buonaparte, général en chef de l’Armée d’Italie, en date du 1er pluviôse an V :
« La division du général Victor a couché, le 13, à Imola, première ville du Pape. L’armée de Sa Sainteté s’était retranchée avec le plus grand soin sur la rivière de Senio, qu’elle avait bordée de canons. Le général Lannes, commandant l’avant-garde aperçut les ennemis qui commençaient à le canonner ; il ordonna aussitôt aux éclaireurs de la légion lombarde d’attaquer les tirailleurs papistes ; le chef de brigade Lahoz, commandant la légion lombarde, réunit ses grenadiers qu’il fit former en colonne serrée, pour enlever, baïonnette au bout du fusil, les batteries ennemies. Cette légion, qui voit le feu pour la première fois, s’est couverte de gloire ; elle a enlevé quatorze pièces de canon sous le feu de trois ou quatre mille hommes retranchés. Pendant que le feu durait, plusieurs prêtres, un crucifix à la main, prêchaient ces malheureuses troupes. Nous avons pris à l’ennemi quatorze pièces de canon, huit drapeaux, mille prisonniers, et tué quatre ou cinq cents hommes. Nous avons eu quarante hommes tués ou blessés. Nos troupes se portaient aussitôt sur Faeza ; elles trouvaient les portes fermées, toutes les cloches sonnaient le tocsin, une populace égarée prétendait en défendre l’accès. Tous les chefs, notamment l’évêque, s’étaient sauvés ; deux ou trois coups de canon enfoncèrent les portes, et nos gens entrèrent au pas de charge. Les lois de la guerre m’autorisaient à mettre cette ville infortunée au pillage ; mais comment se résoudre à punir aussi sévèrement une ville pour le crime de quelques prêtres ! J’ai envoyé chez eux cinquante officiers que j’avais fait prisonniers, pour qu’ils allassent éclairer leurs compatriotes, et pour leur faire sentir les dangers qu’une extravagance pareille à celle-ci leur faisait courir. J’ai fait, ce matin, venir tous les moines, tous les prêtres, je les ai rappelés aux principes de l’Evangile, et j’ai employé toute l’influence que peuvent avoir la raison et la nécessité pour les engager à bien se conduire ; ils m’ont paru animés de bons sentiments. J’ai envoyé à Ravenne le général des Camaldules, pour éclairer cette ville et éviter les malheurs qu’un plus long aveuglements pourrait produire ; j’ai envoyé à Cézene, patrie du pape actuel, le père don Ignacio, prieur de bénédictins. Le général Victor continua hier sa route….. je vous ai envoyé différentes pièces qui convaincront L’Europe entière de la folie de ceux qui conduisent la cour de Rome. Vous trouverez ci-joints deux autres affiches qui vous convaincront de la démence de ces gens-ci ; il est déplorable de penser que cet aveuglement coûte le sang des pauvres peuples, innocents instruments, et de tous temps victimes des théologiens. Plusieurs prêtres, et entre autres un capucin, qui prêchaient l’armée des Catholiques, ont été tués sur le champ de bataille ».

Réimpression de l’ancien moniteur, seule revue authentique et inaltérée de la Révolution française depuis la réunion des états généraux jusqu’au Consulat, Paris : Henri Plon, 31 t., t.28, , Paris : Henri Plon, 31 t., t.28, p.565
BEYER Olivier
 

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