1815-WATERLOO, l’
attaque du Ier
Corps, Questions de Rodolphe Lefebvre-Le Briquer,
du 31/01/2024.
Réponses DM
du 24/03/2024
Question :
Les divisions ont-elles pu marcher (partiellement ou plus globalement) en brigades accolées que plutôt avec une brigade de front suivie de l'autre brigade de la même division ?
Réponse :
Je comprends que les questions se rapportent à l’
attaque du corps d’
Erlon proprement dite et non aux mouvements antérieurs.
En l’hypothèse beaucoup sinon toutes les questions ont déjà trouvé leurs réponses sur Planète Napoléon ici :
viewtopic.php?f=1&t=2037Et dans l’article illustré à l’aide de figurines, là :
http://www.planete-napoleon.com/docs/WaterlooFigs.pdf-----------
Question :
Par exemple pour la division de Marcognet : la brigade Noguès la brigade Grenier ou
la brigade Noguès la brigade Grenier
Réponse :
Donc si la question s’entend par « auraient-elles pu », la réponse est oui.
Mais si elle est « ont-elles pu » (effectivement), la réponse est non, car ce n’était pas l’ordre.
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Question :
Dans un cas ou l'autre, l'intervalle entre les divisions (telles que celles de Marcognet et Donzelot) permettaient-elles un déploiement en ligne d'un bataillon (venant de l'arrière ou par le flanc de la division ou brigade), peut-être suivi lui-même d'un autre bataillon, pour combler l'intervalle (selon les circonstances vis-à-vis de l'évolution de la ligne ennemie) entre les divisions ou brigades ?
Réponse :
Oui, il y avait la place, et l’on peut trouver logique une telle évolution, mais il ne semble pas qu’elle ait été seulement envisagée dans le principe car en l’hypothèse la formation de départ en eut tenu compte et ce ne fut pas le cas.
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Question :
Le mouvement pourrait-il se faire et, si oui, à quelle vitesse ? Au pas de charge quelque peu accéléré ? Au pas de course ?
Réponse :
Tous les changements de formation s’effectuaient au pas accéléré. En l’occurrence cela se serait opéré (et a été tenté par les deux premiers échelons, mais trop tard) en procédant à un déplacement par files « par le flanc » (droit ou gauche)
du bataillon concerné avant de se remettre en bataille face à l’ennemi une fois l’emplacement souhaité atteint.
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Question :
L'objectif de d'
Erlon aurait-il pu être de présenter à l'ennemi une ligne continue (ou quasi continue) de mousqueterie bien supérieure par les feux à celle supposée de la ligne ennemie ?
Réponse :
Je ne pense pas que d’
Erlon ait eu d’autre « objectif » que l’application aveugle de l’ordre impérial. Ce sont les généraux de terrain et même peut-être les chefs de bataillon concernés* qui, pressés par les circonstances qu’ils désapprouvaient tous, ont tenté de « sauver les meubles » en désobéissant à l’ordre formel ayant conduit à la formation mortifère utilisée.
*En effet, étant donné les formations employées, les généraux et même les colonels n’avaient aucune place où se poser fors l’arrière où ils ne servaient à rien. Eussent-ils été devant qu’ils auraient été immanquablement moissonnés en pure perte par les Rifles ou l’artillerie, avant même de l’être par le feu des bataillons formés comme le furent ceux de la Moyenne Garde.
Ceci dit, « présenter à l’ennemi une ligne… supérieure par les feux à celle supposée de la ligne ennemie », cette dernière étant britannique, était, à l’expérience passée, tout-à-fait illusoire.
C’est peut-être pour cette raison que Napoléon aurait pensé lui marcher dessus en piétinant ses propres morts, ce qui, là aussi à l’expérience passée, n’était rien moins qu’assuré…
Mais l’intervention de la cavalerie britannique, contre laquelle rien de rien n’avait été anticipé par quiconque, laissera la question sans réponse.
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Question :
(des compagnies placées en quinconce) !?
Réponse :
Je ne comprends pas le « concept ».
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Question :
Diégo, une autre question pour toi : serait-il possible que la ligne
du 1er rang de mousqueterie puisse être traversée par la 2e, et ainsi de suite, pour prendre la place
du 1er rang afin de permettre un feu de mousqueterie continu contre la ligne de feu si redoutable de la ligne anglaise ?
Réponse :
Non. Il était réglementairement pratiqué le « feu de deux rangs », cadre dans lequel le troisième rang était supposé passer ses fusils chargés aux hommes des deux premiers rangs, ce qui n’arrivait JAMAIS, chacun gardant jalousement son arme. En revanche, théoriquement, le troisième rang complétait les deux autres au fur et à mesure des pertes afin de conserver le même front.
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Question :
Mais Napoléon avait-t-il en tête un autre rôle plus brutal et plus massif pour sa cavalerie dans son plan général de bataille ?
Réponse :
Je ne peux évidemment me mettre dans la tête de Napoléon, mais « plus brutal et plus massif » que ce qui a conduit à la destruction inutile de toute la cavalerie je ne vois pas. Je pense que son engagement prématuré procède, lui aussi, de la tentative désespérée d’arracher la décision que ni l’artillerie ni l’infanterie n’étaient plus à même d’obtenir.
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Question :
Diégo, pourrait-tu éclairer ces points ?
Beaucoup de questions que Diégo me paraît pouvoir y répondre aisément !
Voici un plan copié d'un site que Diégo pourrait retravailler (l'erreur de positionnement de Marcognet et de Donzelot est manifeste mais elle est très répandue dans la plupart des ouvrages)
Réponse :
La réponse est contenue dans la question.
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Question :
J'arrête là ma longue digression ! Désolé Diégo : je m'emballe, je m'emballe ! D'autres questions, en rouge ci-dessous, me sont indispensables !!!!!!!
Diégo, je pense que tu sauras mieux que moi (en tant que wargamer) comprendre les pensées tactiques de Ney !!!!!!!!!!!!!!
Quelle serait schématiquement cette erreur ?
Réponse :
Je n’ai plus ton schéma sous les yeux, mais Ney n’est pas responsable de la formation vicieuse qui a conduit le
corps d’
Erlon au désastre puisqu’elle fut imposée par l’Empereur.
Ceci dit, si l’on rejoue l’action avec des formations d’
attaque « normales », soit des colonnes par division, voire des ordres mixtes, si le désastre semble pouvoir être alors évité, le succès n’est pas pour autant garanti, toutes les batailles de la guerre d’Espagne en témoignent.
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Question pour Diégo :
La division Donzelot a pu former le carré et repoussé par ses feux la cavalerie ennemie (cependant désunie et désorganisée après leur charge contre Marcognet). Donc la formation en carré apparaît comme faisable (seulement dans ces conditions ?) ! Comment Donzelot a-t-il réussi à lâcher de tels feux d'une manière apparemment suffisante et efficace ?
Réponse :
Aucun des échelons
du corps d’
Erlon n’a pu, par construction, former le carré, quand bien même certains mémorialistes britanniques aient ainsi désigné les colonnes
du corps car il est bien plus glorieux d’enfoncer un carré qu’une colonne sans défense sur ses flancs. À décharge peut-être n’ont-t-ils tout simplement pas imaginé le « concept » !
Le troisième échelon, parce-qu’il était encore éloigné
du chemin creux, a vu venir les cavaliers britanniques et a pu tenir à distance ceux qui lui venaient de front, ce qui est normal, mais n’a rien pu faire contre ceux venant de flanc, signe absolu qu’il n’était pas en carré (n’ayant aucun moyen de le former) mais seulement « pelotonné en masse »
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Question :
Le récit de Schmitz en donnerait l'explication simple et péremptoire :
(le fichier était joint en copie)
Diégo, que penses-tu de cette explication et peux-tu la schématiser par un croquis ?
Réponse :
Le récit de Schmitz est fantaisiste*. Il n’y avait aucun moyen de remplir l'intervalle des bataillons par des pelotons des ailes puisque l’intervalle des bataillons était de quatre pas de distance et que le front d’un peloton (compagnie) aurait demandé six fois plus, si tant est encore que quelqu’un en ait donné l’ordre alors que les chefs étaient derrière ou tués.
*Il n’est pas le seul, mais fait donc partie de ceux que je n’ai pas considérés fiables.
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Question pour Diégo :
Quelle serait cette configuration dans le mouvement pour Marcognet si d'
Erlon avait accepté la demande de Marcognet ?
Réponse :
Je ne retrouve pas « la demande de Marcognet » dont tu parles, mais s’il s’agit de déroger à la formation en colonne par bataillons déployés, contre laquelle Durutte s’insurgea aussi, il fut répondu en substance qu’il était impossible de modifier un ordre de l’Empereur.
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Question : qu'entend-t-il par un ''à gauche'' et un '' à droite'' des bataillons pour sa brigade Bourgeois :
Réponse :
C’est le déplacement « par le flanc » par files. Quart-de-tour individuel des soldats de chacun des trois rangs
du bataillon déployé, puis déplacement des trois files jusqu’à leur destination avant de se remettre sur trois rangs face à l’ennemi par le quart-de-tour individuel inverse.
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Citation de Duthilt :
La 2e brigade, logée dans un bas-fond, s'étant formée en colonne d'
attaque par bataillon, se mit en marche au pas de charge, précédée par des tirailleurs,
il y eut bientôt un peu de confusion dans les rangs, surtout lorsque la tête de la colonne fut parvenue à la portée
du feu de l'ennemi, sans s'être aperçue qu'elle avait entre elle et lui un ravin tellement profond qu'il était infranchissable (sic).
La colonne fut forcée de faire ''un à gauche'' pour longer ce ravin jusqu'au terre-plein, distant de quelque cent mètres de là ; mais le commandement n'ayant pas été bien entendu dans toute la colonne, des bataillons firent un à gauche tandis que d'autres firent un à droite ce qui amena une confusion qui fit perdre
du temps.
Le terrain redevenu libre, la 1re brigade de la même division, commandée par le général Quiot, marcha en avant, prit le même chemin, fit la même faute et rencontra le même obstacle
Question relative à la citation ci-dessus :
Où se trouve exactement ce terre-plein dont parle Duthilt comme l'objectif à atteindre pour sa brigade (Bourgeois) ?
Réponse :
C’est, à supposer, au rentrant côté français
du « croisement » de la route et
du chemin creux.
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Question :
La 1ère brigade (Charlet/Quiot) n'aurait-elle pu dépasser la Haie-Sainte seulement (donc en retard par rapport à l'avance de Bourgeois) que peu après l'épisode catastrophique touchant Bourgeois (le ''terrain étant redevenu libre'') ?
Réponse :
Non car « c’était avant le drame, bien entendu ». Il y a d’abord échec de l’
attaque de la Haye Sainte pendant qu’il y a échec de l’
attaque du chemin creux, et poursuite par la cavalerie britannique. Ce n’est qu’après que le terrain est « redevenu libre ».
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Question :
Les deux régiments (54e et 55e) de cette brigade (Charlet/Quiot) se sont-ils séparés pour l'assaut de la Haie-Sainte en laissant une brèche sur la chaussée de Bruxelles et en flanc de Bourgeois ? Ces deux régiments ont-ils dépassé la Haie-Sainte pour attaquer aussi la sablonnière ?
Réponse :
Eh bien je me répète. Les deux régiments susdits ne participent pas à la première
attaque du chemin creux. Ils ont effectivement, mais plus tard, après le drame susdit, dépassé la Haye Sainte qu’ils n’avaient pu prendre, et subi le même triste sort que l’autre brigade, sans même besoin cette fois de l’intervention de la cavalerie britannique.
On ne peut que se lamenter de voir d’aussi bons et braves soldats si mal commandés.
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