Voici un message de Franck Fiat, du 18 janvier écoulé... mais comme vous le savez j'ai eu des problèmes personnels qui font que je ne réponds que maintenant. Voici tout d'abord le message :
Bonjour Diégo,
Je t’envoie en pj ces extraits de lettres de Ledru des Essarts que tu ne connais peut-être pas. À moins que Thierry Melchior ne te les ai déjà fait parvenir, c’est lui qui les a mis en lien sur le forum des jeux d’histoire (c’est donc lui César, sur ce coup).
Ils sont très intéressants, mais un peu bourrés de fautes puisqu’il doit s’agir d’un doc numérisé passé par un logiciel de reconnaissance des lettres. J’ai essayé de corriger le plus gros mais certaines choses ont dû m’échapper puisque je ne les ai encore que parcouru de très loin.
Il y a quelques annotations surlignées qui sont des notes personnelles.
Une chose me vient à l’esprit qui me pose question :
À Austerlitz, Ledru explique qu’après avoir pris deux positions à l’infanterie russe, il est menacé par de la cavalerie. Il dit alors passer ses trois bataillons « en colonne » et les cavaliers hésitent à l’attaquer puis détalent.
Comment lire ceci à ton avis ?
Je suppose que les Français doivent évoluer partie en ligne, partie en tirailleurs pour combattre sur les pentes du Pratzen. Mais je suis un peu surpris qu’ils passent en colonnes pour contrer la cavalerie. Pourquoi celle-ci hésite-t-elle ? Est-elle tellement défavorisée face à une colonne (dont les tirs doivent être relativement réduits ?) ? à moins qu’il ne s’agisse du terrain défavorable ?
À bientôt,
Franck
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Extrait du texte de Ledru :
"La Division du général Saint-Hilaire, dont je fais partie, formait tête de colonne et a commencé l'attaque. Tout ce qui s'est présenté devant elle a été culbutté (sic). J'étais sur la gauche avec mon régiment et le 2e bataillon du 43e, pour enlever une batterie de six pièces, deffendue (sic) par deux régiments Russes. Dans un instant, mon général de brigade et mes trois chefs de bataillon ont été mis hors de combat. Je n'en ai pas moins chassé les Russes et pris leur artillerie. L'ennemi, en fuyant, est allé se rallier à un corps d'armée d'environ 4000 hommes, occupant une hauteur avantageuse, avec huit pièces. J'ai marché sur lui sans hésiter, quoiqu'il fût deux fois plus nombreux que moi, en faisant faire des feux de bataillon. En avançant, j'ai emporté cette position aussi rapidement que la première. La plupart des canonniers ont été tués sur leurs pièces, et cette seconde artillerie est encore tombée au pouvoir de mon régiment ; mais ce deuxième avantage m'a coûté cher, puisqu'en moins de cinq minutes la mitraille et la mousqueterie m'ont fait perdre plus de 300 hommes. C'est là que mon cheval a été frappé. Je croyais qu'en arrivant sur la hauteur, ces Russes si terribles marcheraient sur moi avec la bayonnette ; mais ils gagnaient en désordre le village de Prazen (sic). Un feu roulant les abattait par centaines, et la terre était couverte de leurs morts. J'allais entrer dans le village et détruire entièrement cette colonne, lorsque les cuirassiers de la Garde Impériale de Russie, se sont montrés pour me charger. Je n'ai eu que le temps de me former en colonne ; ils se sont arrêtés, et quoique mes voltigeurs allassent à cinquante pas pour leur tuer du monde, ils n'ont osé m'attaquer. C'est alors que le Maréchal Soult est arrivé avec la division Vandamne. J'ai reçu de lui les compliments les plus flatteurs. J'ai ensuite rejoint le général Saint-Hilaire pour forcer l'ennemi dans Sokolnitz. Vers 4 heures, après avoir obligé les Russes à se rendre ou à se jeter dans le marais de Menitz, l'Empereur est passé près de moi, m'a appelé par mon nom, m'a dit en souriant qu'il savait comment je m'étais comporté, et m'a raconté familièrement les détails de la charge que sa Garde Impériale venait d'exécuter contre celle de Russie. Tu juges si je devais être satisfait."