Je juge à propos de "remonter" ce post à l'occasion de notre récent remake relatif lors de "La Moskowa 2021 à Lyon", les 27 et 28 novembre, sous-titré "le jour d'après, 8 septembre 1812".
viewtopic.php?f=1&t=2133C'est en effet un "ouatif", en francais "et si..." qui met en scène (et en jeu) l'hypothèse d'un Kutusov ayant maintenu son intention première au soir du 7 septembre 1812, soit livrer une deuxième bataille qui aurait pu s'appeler Gorki, mais que par convenance et suite dans les idées nous continuerons d'appeler La Moskowa puisque c'est ce qu'aurait décidé son vainqueur incontestable, Napoléon 1er.
Ceci dit pourquoi viens-je dans ce post à prétention historique, déjà étayée par plusieurs articles dont les liens figurent plus haut, vous parler d'une déclinaison ludique ?
Eh bien tout d'abord parce-qu'avec Les Trois Couleurs la frontière entre historique et ludique est très "poreuse" et que les tenants de ces deux "camps" y trouveront chacun leur compte.
Ensuite et surtout parce-que les travaux entrepris afin de déterminer les effectifs des trois armes comme les munitions encore disponibles pour "le jour d'après" apportent un éclairage souvent inédit sur les pertes et les consommations de la veille. Ils sont donc d'essence parfaitement historique et bien à leur place ici où ils seront probablement davantage consultés que dans la partie ludique.
Dont'acte, je commence par mel quelques éléments travaillés avant l'annulation de notre bataille en 2020 pour cause de covid... Et sa réalisation en 2021 comme vous l'avez pu voir depuis.
Travail sur les pertes russes à Borodino 1812(par Diégo Mané, mai 2020)
Dans le cadre d’une étude plus générale visant à déterminer les effectifs utilisables le 8 septembre 1812 pour livrer une deuxième journée de combats comme Kutusov le voulait.
Simple pour l’infanterie, le travail se complique pour la cavalerie où, si le nombre de chevaux est inférieur à celui des cavaliers cela diminue en rapport les combattants.
De même pour l’artillerie il convient de considérer le critère des chevaux, mais aussi, ceux des pièces encore disponibles et des munitions et caissons relatifs.
Cavalerie : j’ai cherché à identifier les unités où le nombre de chevaux perdus est supérieur à celui des hommes que j’ai déjà mentionné dans mes OBs.
Constatation, il est souvent supérieur, parfois de beaucoup, mais pas toujours, conduisant à corriger en rapport les chiffres de combattants disponibles. Ces différences peuvent s’expliquer par la plus ou moins grande «punition» par l’infanterie et surtout l’artillerie ennemies. Elle tuera ou blessera davantage de chevaux que d’hommes alors que les corps à corps entre cavaliers provoqueront surtout des pertes d’hommes, amenant aussi parfois leurs chevaux à «disparaître», par «désertion» ou capture (avec ou sans cavalier).
Décidé de reprendre mon OB russe au 7 septembre 1812, renseigné du détail par type de pertes, de le globaliser (tués + blessés + disparus), et de préciser en regard chevaux et matériels perdus pour obtenir le disponible.
Édit de décembre 2021 : Ce travail a été fait pour "La Moskowa 2021 à Lyon".
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Travail sur les pertes Françaises à Borodino 1812(par Diégo Mané, juin 2020)
Grâce au Martinien les pertes d’officiers sont connues exactement. Il est alors possible d’évaluer en rapport les pertes de chaque unité à partir des pertes globales, également connues. Pour la cavalerie l’application des moyennes russes aux unités françaises manifestement restées longtemps immobiles sous le feu des batteries russes, et donc ayant perdu plus de chevaux que d’hommes, a permis d’évaluer ceux restés montés.
Édit de décembre 2021 : Ce travail a été fait pour "La Moskowa 2021 à Lyon".
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Éléments sur les pertes russes le 7 septembre 1812 (relevés au cours de mes travaux de mai 2020)
Chevaux :
Nombre de chevaux de cavalerie tués, blessés ou disparus = HS : 3.509.
Nombre de chevaux d'artillerie tués, blessés ou disparus = HS : 1.478.
Cumul de ces deux postes : 4.987 chevaux, disons 5.000, de moins le 8 septembre.
Matériels d'artillerie :
Aucun n'est reconnu pris, seulement endommagés ou "manquants".
Endommagés : 19 pièces et 37 caissons.
Manquants : 13 pièces, 7 avant-trains et 47 caissons.
Particulièrement maltraitée la batterie C6 qui a ses 12 pièces et 2 caissons endommagés, et 7 avant-trains manquants, ayant 36 chevaux de selle tués et 6 blessés, 38 chevaux de trait tués et 3 blessés. Elle n'a pourtant que 9 soldats tués, 28 blessés et 12 manquants (+ 2 "étrangers" ?).
3 officiers, 3 artilleurs et 1 musicien complètent le tableau.
Les batteries C8, C9 et C10 sont virtuellement anéanties en personnel, et pourtant il n'est pas indiqué de pertes matérielles. Peut-être ne reste-t-il personne pour en rendre compte... Et la chose est passée par pertes et profits ! D'autres batteries sont trop réduites en personnel et/ou chevaux pour servir les pièces restantes. Les réduire en rapport.
Édit de décembre 2021 : Ce travail a été fait pour "La Moskowa 2021 à Lyon".
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"Au Comte Woronzov qui commandait 8000 grenadiers il ne restait que 400 soldats qu’il appelait « ma défunte division »" (De Maistre).
http://www.planete-napoleon.com/docs/18 ... aistre.pdfCatastrophisme post-Borodino ? Je n'ai pas 8000 Grenadiers (certes leur effectif théorique) avant la bataille, mais 4000, et pas 7600 pertes mais "seulement" 2000. 600 autres avaient été inutilement perdus le 5 septembre au soir de Schewardino.
4000 - 2600 = devrait rester 1400 ! S'il n'y en avait vraiment que 400 de présents, cela signifie que 1000 autres, pas morts pour autant, ont trouvé leur présence indispensable ailleurs... et rejoindront plus tard...
Mais en l'hypothèse, ces "absences" dans une unité d'élite, si elles se vérifiaient, donneraient à penser ce qu'il pouvait en être dans le reste de l'armée... Si 70% des effectifs que j'ai reconstitués venaient à s'absenter de la sorte, il devient totalement impossible de seulement envisager une quelconque résistance... Peut-être est-ce ce qui arriva et qui est parfaitement illustré par le texte de Tolstoï dans son magistral "Guerre et paix".
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Total Général : 50.320 Rég. + 2.008 Mil. = 52.328 INF + 10.808 CAV + 4.000 COS = 14.808 CAV, soit 67.136 S&B soutenus par 424 pièces* (1/158 h), servies par 5.720 ART = 72.856 h.
* Ramenées, pour défaut de munitions, à 324 (1/207 h) servies par 4.370 ART = 71.506 h.
Ce total semble déterminer, par différence avec les chiffres de la veille, une perte d'effectifs de de l’ordre de 60.000 hommes et 270 pièces. Elle est en fait à ce stade inférieure car ne figurent plus les survivants des unités trop abîmées pour combattre, ainsi que, pour la cavalerie, 2.000 soldats démontés (les pertes de chevaux ayant dépassé d'autant celle des cavaliers). Pour l'artillerie, au-delà de plusieurs batteries totalement anéanties, de nombreuses autres ont quitté la ligne de feu par manque d'hommes ou de chevaux pour les servir au combat, où encore n'ayant absolument plus de munitions, amenant à retrancher leurs relativement nombreux servants des «disponibles».
Il convient de rappeler que les combats du 7 septembre se sont achevés avec la nuit, que les troupes n'avaient ni mangé ni bu depuis la veille, et que l'obscurité et le chaos ambiant, au milieu de dizaines de milliers de morts et de blessés, s'est opposé à toute réorganisation nocturne.
Le matin du 8 (situation envisagée par notre remake) trouve donc les troupes au même endroit que la veille, affamées, assoiffées, traumatisées... Mais prêtes à se battre !!!
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Diégo Mané
À suivre... Travaux de 2021 visant à déterminer les consommations de munitions d'artillerie le 7 septembre 1812... Et partant celles encore disponibles le matin du 8 septembre 1812.