Je crée ce post à l'aide d'éléments de réponse à des questions d'un correspondant et qui peuvent intéresser le lectorat.
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Je cherche les paramètres qui peuvent faire évoluer le nombre de pertes : L'évolution technologique, la manière de conduire la guerre, l'intensité du conflit...
Q1. Y a-t-il des évolutions technologiques sous la Révolution et l'Empire qui augmentent la capacité de destruction ?
R1. Non.
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Q2. Y a-t-il des évolutions dans la manière de se battre qui exposent davantage les soldats par rapport à l'Ancien régime ?
R2. Non.
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Q3. Y a-t-il eu une intensité particulière dans ces guerres ?
R3. Oui. Ce fût une guerre à mort systémique.
Q4. Sait-on quel pourcentage de soldats meurent sur le champ de bataille sous l'Empire ?
R4. C'est affaire de circonstances.
Voici les pourcentages de gens "atteints" (tués ou blessés) côté français lors de batailles célèbres.
Victoire d'Austerlitz 1805 : 75000 engagés ont subi 8279 tués/blessés (11%)
Victoire d'Iéna 1806 : 61000 engagés ont subi 6794 pertes (11%)
"Victoire" d'Eylau 1807 : 66000 engagés ont subi 18783 pertes (28%)
"Victoire" de Heilsberg 1807 : 56000 engagés ont subi 10243 pertes (18%)
Victoire de Friedland 1807 : 81000 engagés ont subi 10890 pertes (13%)
Défaite d'Aspern 1809 : 75000 engagés ont subi plus de 20000 pertes (27%)
Victoire de Wagram 1809 : 189000 engagés ont subi 33569 pertes (18%)
Victoire de La Moskowa : 128000 engagés ont subi 28086 pertes (22%)
Victoire de Lutzen 1813 : 130000 engagés ont subi environ 20000 pertes (15%)
Victoire de Bautzen 1813 : 170000 engagés ont subi environ 20000 pertes (12%)
Défaite de Leipzig 1813 : 200000 engagés ont subi environ 37000 pertes (19%)
Victoire de Ligny 1815 : 65000 engagés ont subi environ 11000 pertes (17%)
Défaite de Waterloo 1815 : 74000 engagés ont subi environ 28000 pertes (38%)
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Q5. Sait-on quel pourcentage de soldats meurent sur le champ de bataille ou des suites d'une bataille ?
R5a. En dix jours de campagne en juin 1807 l'armée d'opérations, forte de 187214 hommes a perdu au combat 26243 hommes (14%), se répartissant en 3011 tués, 20806 blessés et 2643 prisonniers. La proportion tués/blessés de la période s'établit à 13 % de tués pour 87% de blessés, grosso-modo 1 tué pour 7 blessés.
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R5b. En deux jours de combats en juillet 1809 à Wagram les 189874 "français" engagés subissent (d'après Rothenberg) 33569 pertes, savoir :
5 généraux + 238 officiers + 6569 soldats = 6812 tués (20% des tués et blessés)
27 généraux + 883 officiers + 25847 soldats = 26757 blessés (80% des tués et blessés)
Nous avons donc ici 1 tué pour 4 blessés, l'augmentation du nombre de canons ayant pu jouer un rôle, comme aussi l'incendie des moissons sur pied qui tua beaucoup de blessés n'ayant pu le fuir.
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R5c. Pour cette même bataille de Wagram, les listes de Martinien donnent 468 officiers tués et 1486 blessés, ce qui PEUT vouloir dire que 603 officiers ont été blessés assez légèrement pour ne pas quitter les rangs (et n'être pas mentionnés comme "pertes"), mais que des 883 jugés "sérieux", 230 ont fini par succomber à leurs blessures.
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R5d. Le nombre de blessés mourant de leurs blessures est difficile à déterminer. Ce qui est certain c'est qu'il ne faisait pas bon être blessé à l'époque, et que souvent l'entrée à l'hôpital était synonyme de mort. Je souligne au passage que le nombre des militaires morts de maladie était de très loin supérieur à celui des pertes dues aux combats.
Pour les blessés assez graves pour entrer aux ambulances ou hôpitaux de campagne voici, en guise d'exemple, un passage pertinent du rapport après Lützen de Larrey, le chirurgien de la Garde :
"De nos 8000 blessés, 365 ont subi une ou deux amputations ; 800 environ sont atteints de blessures graves, telles que plaies de tête, de poitrine, de bas-ventre, ou fracture des membres. Le douzième de ces deux premières classes de blessés périra sans doute. 1600 seront hors d'état de servir. Plus de 4000, à l'époque de leur guérison, que l'on peut fixer au terme moyen au 40e jour, pourront reprendre un service actif."
Soit en résumant, sur 8000 blessés entrés aux ambulances environ la moitié ne serviront plus, mais la moitié retournera au combat. Et nous avons là le meilleur "service de santé" du monde. Chez les Alliés on peut au moins diviser par deux les résultats "favorables" ci-dessus, et dans certains cas extrême considérer tout comme "perdu".
Pour la campagne de printemps entière, du 1er mai au 1er juin, un autre rapport de Larrey du 4 août 1813 indique que sur 28000 blessés entrés aux ambulances, 6703 sont rentrés dans leurs corps, 4027 sont invalides relatifs, 3554 invalides absolus, 2416 morts de leurs blessures... Il reste donc alors encore 11300 hommes dans les hôpitaux. Mais Larrey ne parle ensuite que de 7916 hommes dont 3000 en état de rejoindre bientôt leurs unités, le reste étant invalide relatif ou absolu et appelé à rentrer en France... Comme il manque ici environ 3400 hommes pour "balancer" le calcul (vieux réflexe comptable) il faut supposer ces derniers comme rétablis de leurs blessures, et sortant des statistiques du chirurgien, mais assez "malades" pour ne plus compter comme combattants... voire morts, mais de maladie contractée à l'hôpital, pas de leurs blessures reçues au combat. Nuance !
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Q6. Ces taux sont-ils différents de ceux observés durant les guerres de l'Ancien régime ?
R6a. Là encore c'est affaire de circonstances. L'exemple le plus "sanglant" qui me vient en tête sous Louis XIV est la bataille de Malplaquet en 1709.
80000 Français sont vaincus avec 6000 pertes (7.5 %) par 110000 Alliés ayant subi 24000 pertes (22 %), soit quatre fois plus que les "vaincus".
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R6b. Puis sous Frédéric II de Prusse (oui, c'est alors lui le mâle dominant), qui subit un gros revers à Kunersdorf en 1759 avec 6271 tués et 11342 blessés, soit 17673 pertes (sans compter 1356 disparus et 2055 déserteurs) sur 50900 engagés, soit 35 % de pertes dont plus du tiers en tués. Les Austro-Russes avaient perdu 22362 hommes dont 7060 tués et 15302 blessés, proportion approchante mais plus faible que celle des Prussiens.
La victoire de Zorndorf lui coûta 11000 pertes pour 22000 aux Russes, et sa défaite de Kolin 14000 pertes pour 9000 aux Autrichiens.
La guerre de Sept ans aurait coûté la vie à 500000 à 800000 civils et fait entre 1 million et 1,3 million de morts en tout.
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Q7. Sait-on combien il y eut de soldats français morts sous l'Empire ?
R7. Le chiffre le plus communément admis est de l'ordre de 1 million de morts sur 1,6 million de mobilisés en quinze ans.
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Q8. Sait-on combien il y eut de soldats européens morts durant cette conflagration ?
R8. Il serait, France exclue, de l'ordre de 3 à 5 millions selon les estimations, dont une partie en combattant pour la France.
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Diégo Mané