Une donnée qui n'est pas forcément évidente au premier abord, mais qui est primordiale pour comprendre la différence à faire entre les témoignages pré et post 1830, c'est l'été révolutionnaire de 1830 en Europe.
Du côté Anglais, les élites et la presse y voient surtout deux souverains remis en place par le Congrès de Vienne chassés (partiellement pour le roi des Pays-Bas) de leurs trônes, et remplacés, l'un par un révolutionnaire régicide (Philippe-Égalité) et l'autre par une autorité révolutionnaire autoproclamée.
L'appel au Duc de Nemours (fils dudit régicide), même si il est sagement refusé par le "Roi des Français", fait monter la peur au plus haut point, après quinze ans de calme, un front potentiellement hostile au Royaume Uni semble se dessiner de l'autre côté du Channel.
De plus, les guerres carlistes et l'instabilité du Portugal rendent la péninsule ibérique au minimum hostile, et au proche orient, la Russie et l'Empire Ottoman sont en conflit plus ou moins ouvert entre les années 20 et la guerre de Crimée. L'Irlande aussi est assez tendue, du fait de la perte localisée à certains comtés de la récolte de pommes de terre.
En même temps, le parlement "apprend" que par la faute des opérations extérieures (Birmanie, Afrique du Sud, Ceylan, Inde,...) mais surtout par la faute de ses "tendres" attentions depuis la paix de 1815, il n'y a pas 4000 soldats disponibles dans toutes les îles britanniques....
Tout cela pour dire qu'en 1830, la peur de l'invasion française reprend encore plus forte qu'avant 1802, "avec la complicité des révolutionnaires belges" certainement, peur qui reviendra (sans les Belges) en 1848 et dans une moindre mesure à la proclamation du 2d empire français.
La nomination de Léopold de Saxe-Cobourg-Gota en tant que roi des Belges, et la conclusion du congrès de Londres établissant la neutralité du nouveau royaume, ne font que diminuer la peur, n'oublions pas non plus que les frontières de la Belgique ne seront fixées qu'en 1839.
les Belges sont donc passés en 1830 de "Nos alliés qui nous ont bien aidés à restaurer la paix en Europe" à "Ce peuple d'indécrottables révolutionnaires qui change d'avis tous les quinze ans, et auquel il est dangereux de faire confiance". Il faudra une génération pour que ce préjugé s'estompe.
Les auteurs et les mémorialistes anglais d'après 1830 sont complètement dans cette mentalité, et tout ce qui est Belge (et par association irrationnelle Néerlandais) ne peut que s'être mal comporté en 1814-15.....