- 5) Début de l'avance, divergences avec le général Freire
Le chemin prévu par Wellesley pour la progression longe la côte, car il est dépendant de la flotte pour le pain des troupes, et les deux brigades d’Angleterre sont attendues d’ici peu. La première marche de 20 km jusqu’à Lugar (?? pas trouvé sur la carte) en direction du sud se fait « du sable jusqu’aux genoux, et souffrant atrocement de la soif ».
La deuxième amène les troupes le 11 à Leiria, où le dépôt constitué spécifiquement pour les troupes anglaises est accaparé à son arrivée par le général portugais. Ce dernier y fait aussi un certain nombre de demandes imprévues et péremptoires, subordonnant la continuation de sa coopération à leur exécution.
Il faut tout d’abord pourvoir au ravitaillement de ses 6000 hommes, demande quelque peu étonnante alors qu’il vient de faire main-basse sur celui dévolu à son allié ; puis abandonner la côte pour passer par la route de Santarem, affirmant « qu’il n’y aura aucun problème de ravitaillement dans l’intérieur », ce qui est douteux quand il a été impossible de se fournir en farine sur le chemin déjà parcouru.
Napier attribue cette saute d’humeur à un mouvement de peur à l’idée de confronter ses levées portugaises aux Français, même soutenues par 13000 Anglais. C’est en fait peu probable, Freire a été en ligne sur le Mondego pendant plus d’un mois et demi, avec des armes en mauvais état et sans être sûr qu’il n’allait pas se faire submerger par une colonne volante comme les insurgés de l’Alentejo. De plus, le mouvement vers Santarem n’est vraiment pas celui d’un général qui a peur de la confrontation, en ce qu’elle met les Portugais à distance de frappe des troupes françaises de Lisbonne. C’est sans doute juste le mépris de l’auteur anglais pour les Portugais qui parle.
Une raison beaucoup plus vraisemblable est sans doute le poids de l’exemple de Wellesley. Freire a été général indépendant, et comme tout amateur débutant sans possibilité de se référer à un exemple extérieur, s’est sans doute cru bon commandant, organisateur et logisticien.
Là, il vient d’être confronté pendant dix jours à un vrai professionnel, un des meilleurs au monde en plus dans le rôle de la gestion de campagne, commandant des vrais professionnels de l’art militaire. Le choc, délivré avec le tact, la diplomatie et la pédagogie d’un accident de la route dont est capable le général anglais, a dû être dévastateur pour le pauvre général portugais.
Il est donc compréhensible qu’il ne puisse accepter que sa médiocrité soit ainsi mise en lumière plus longtemps, et cherche à partir le plus vite possible.