La brigade Thierry à la bataille d'Abensberg les 19 et 20 avril 1809Texte de Hans v. Zwiedineck-Südenhorst publié à Wien en 1903 dans les
Mittheilungen des Instituts für Oesterreichische Geschichtsforschung
Texte numérisé communiqué par Bernard Le Lan sur Planète Napoléon,
https://archive.org/details/Mitteilunge ... 2/mode/2upTranscrit en Allemand « propre » par Diégo Mané,
Traduit à sa demande en "Français-DeepL" par Thierry Melchior,
Puis restitué (parfois en substance) ci-après par Diégo Mané…
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3ème "livraison".Thierry poursuit ses "Confessions"
Examinant strictement les circonstances voici ce que je me reproche :
1. C’est de n’avoir pas, de Kirchdorf, envoyé la copie des ordres reçus à l’archiduc Louis, avec la demande qu'il me soit envoyé des instructions supplémentaires.
2. Que je n'ai pas, avant le départ de Kirchdorf, étudié les deux ordres, en présence des officiers d'état-major et des commandants des régiments, les ai comparés exactement avec la carte du colonel Richter, et me suis mis d'accord pour déterminer la suite de l'opération.
3. Que je n'ai pas, avant de pénétrer dans le Ober-Schambach*, patrouillé les bois sur la gauche jusqu'à la rivière le soir, et que je n'ai pas observé la prudence recommandée pour le positionnement et la progression.* Thierry n’a jamais pénétré dans « le Ober-Schambach » puisque cette localité se trouve à plusieurs km au-delà du Seeholz qu’il ne parvint pas à dépasser, et qu’effectivement il n’a pas « patrouillé » avant d’y entrer.
4. Que j’ai engagé le combat sans but réel, alors que l'avantage du terrain était du côté de l'ennemi.
5. Après avoir séparé la moitié de ma brigade de l'autre moitié et n'ayant pas de canons avec moi, j'aurais dû au moins enquêter sur les ordres qui avaient été reçus dans la soirée du 19 en présence du capitaine Siebenschein, qui avait été envoyé par l’archiduc Louis, où des précautions pouvaient alors être facilement prises ; alors la colline de Rohr aurait été garnie d'artillerie, de sorte que l'ennemi aurait été arrêté, il n'aurait pu avancer que lentement, ce qui aurait donné le temps d'apporter du secours.
6. Si j'avais envoyé un bataillon sur la route d'Abensberg le 20 au petit matin, ou s'il m'avait été impossible de me retirer à temps, les quatre 3 £ du général Pflanzelter auraient été préservés, et la retraite aurait pu aussi s'effectuer avec plus de sérénité, et enfin...
7. Que je n'ai pas rendu compte à SA l’archiduc Charles de manière assez circonstancielle et diligente, à l’archiduc Louis peu, et au prince de Hohenzollern pas du tout. Les conséquences de cette percée ennemie sont incontestablement les suivantes :
1. La perte d'artillerie, de pontons et de bagages.
2. La séparation en deux de l’armée.
3. L’offensive de l’archiduc Charles contre Ratisbonne prise entre deux feux.
4. La perte de toute l'Autriche orientale, l'invasion de Vienne, etc…
5. L'abandon de nos avantages en Italie et en Pologne.
6. L'augmentation des forces de l'ennemi, puis leur diminution de notre côté.
7. Nos énormes pertes en morts, blessés, prisonniers et déserteurs.
8. Que les bons Tyroliens doivent maintenant faire la guerre dans leur propre pays.
9. Que la révolution en Hesse, en Westphalie, etc… ne s'est pas produite comme nous l'avions souhaité.
Que puis-je avancer pour me justifier, seulement de faibles excuses :
1. Que j'ai passé la nuit du 18 au 19 sur la route, près de Rohr, sans être appelé à la réunion d’état-major, où j'aurais reçu une bonne carte pour l'exécution de ma mission, aurais pris connaissance à l'avance de la formation convenable, et aurais pu poser beaucoup de questions.
2. Que, malheureusement, les généraux (faute d'avoir la possibilité de s'en procurer) ne disposent pas de cartes de bonne qualité, ce dont le commandement de l'armée pourrait se charger à peu de frais, puisque je suis également tout à fait disposé à donner aux généraux les plus anciens, aux états-majors et même aux officiers supérieurs des centaines de dollars à l'occasion afin d'obtenir une carte fiable.
3. Que j'ai placé la confiance due à sa charge dans un colonel du GQG et qu'il n'est pas retourné au conseil à cause des ordres lus par lui, mais qu'il a communiqué tout ce que j'ai reçu, tout ce que je voulais faire, au colonel juge, qui n'a fait aucune objection lorsque j'ai ordonné de placer les troupes sur la colline de Kirchdorf : les colonels étaient près de moi, très occupés par la carte, interrogeaient diligemment les compatriotes, ce qui augmentait ma confiance.
4. J’avais été repéré depuis Biburg, et j'aurais été d'avis qu'il aurait été bon de se retirer rapidement de Bruckhoffen à Gnadenhoff (Gaden ?*)
, afin de ne pas donner prise à l’ennemi.*Si Gnadenhoff est bien Gaden, et cela colle pour les autres occurrences, pour celle-ci nous restons perplexes puisque Gaden étant plus près de l’ennemi que Bruckhoffen, comment s'y "retirer" ?
5. Je dois avouer, la grande et facilement évitable perte du 19. Puis la dispersion des troupes, mes efforts pour rendre les hommes responsables, ainsi que pour m'épargner les multiples dangers de tomber en captivité ; puis la responsabilité imminente, sur ce qui s'était passé, m'ont rendu si indigné que j'étais incapable d'arriver à une conclusion propre ; j'avais besoin de l'aide du colonel Richter, qui seul était au courant des dispositions et des ordres supérieurs, mais il n'a pas voulu agir comme je le souhaitais ; d'où est venue cette réticence de ce colonel, je l'ignore.
6. Si, comme je l'ai dit, j'avais pris connaissance de la carte et donc du lieu, je serais sorti de ma léthargie et j'aurais pu retrouver mes moyens.
7. J'ai écrit au général Bianchi s'il pouvait, en plus du troisième bataillon de Kaiser, envoyer à Rohr la moitié de ma brigade qui avoisinait ledit bataillon (soit le régiment de Lindenau) ; le bataillon (de Kaiser) m’arrivera, mais le reste de ma brigade, si nécessaire, n'est pas venu.DM : phrase peu claire. Ajout du 16/07/2021.
Je pense comprendre que Thierry demanda à Bianchi de lui envoyer, en plus du III/IR Kaiser, toute la « demi-brigade », soit la moitié des troupes composant son commandement initial, en l’occurrence l’IR 29 Lindenau … Avant d’ajouter que si le III/IR 1 Kaiser est bien venu (et s’est fait détruire), l’IR 29 Lindenau n’est pas venu (ce qui accessoirement l’a sauvé).
Cela semble dire que l’IR 29 Lindenau a été peu engagé dans le See Holz le 19, vite repoussé dans le bois voisin d’où il a été aussi expulsé en même temps que coupé de l’IR 1 Kaiser, et que ces unités n’ont pu se rejoindre par la suite contrairement à ce que semble dire Thierry. Le général ajoute que son « aile gauche » avait avec elle 6 canons, en ayant donc perdu 2 sur les 8 initiaux… Et que lui-même n’a plus d’artillerie, ayant donc perdu ses quatre pièces de cavalerie, car Pfanzelter devra lui envoyer deux de ses quatre pièces de 3 qui se feront toutes prendre (en « deux groupes de deux ») par la cavalerie française.
Le seul renfort qu’il recevra, et le 20 (pas le 19), c’est le III/IR 1 qui viendra se « suicider ».
L’IR 29 fera de fait l’arrière-garde de Bianchi et sera vertement poussé par les Bavarois, mais pas détruit par les Français, ce dernier sort étant le lot de la « demi-brigade » restée avec Thierry, le détachement Pfanzelter étant également très « abîmé » ainsi que le détachement de hussards amené par le FML Schusteck.
8. Le fait que les rapports ne soient pas arrivés conformément au règlement est dû au fait que le 19, depuis 10 heures du matin jusqu'à 4 heures de l'après-midi, j'ai été dans une bataille constante d’escarmouches en forêt, puis le soir, comme je l'ai déjà dit dans le 5e article, j'étais fortement indigné de ce qui s'était passé.DM : « Fortement indigné » = perdit complètement ses moyens, ne sachant plus quoi faire !
9. Je peux affirmer (un serment, dans ma triste situation, est vraiment digne de confiance) que si le colonel Richter ne m'avait pas été imposé, alors, en observant la prudence prescrite, l'affaire se serait déroulée tout autrement.
Les avantages, qui pour le service, puis pour ma famille, auraient résulté d'une conduite appropriée, sont les suivants : les trois régiments Kaiser, Lindenau et Levenehr, reconnus bons, formés avec soin et avec des réserves convenables, dont le dernier, au dire de l'ennemi lui-même, porte avec une parfaite justification un nom dérivé du lion ; avec les douze pièces d'artillerie qu'ils avaient avec eux, même la plus grande force n'aurait pu (d'après la situation qui m'a été connue par la retraite) avancer que pas à pas, car seul le combat de forêt pouvait presser les ailes et seulement très lentement. L'ennemi aurait perdu une quantité extraordinaire de gens pendant son avance vers Rottenburg, qui n'a eu lieu que le 21.
Pour cette raison, l'occasion d'effectuer une percée aussi importante pour lui ne se serait plus jamais présentée ; leurs forces réunies, les troupes auraient fait des miracles dans les zones déjà connues et plus ouvertes, l'ennemi serait venu entre deux feux et aurait été repoussé ; ce qui aurait été d'un avantage incalculable pour les opérations suivantes.
Si j'avais été digne de la confiance qui m'a été accordée, j'aurais eu droit à plus de récompense que le retour du revers de ma femme, qui autrement aurait dû mendier après ma mort, à l'hébergement de mon fils unique dans l'Académie orientale, qui a toujours été chère à mon cœur, que j'aurais obtenu d'autant plus honorablement que les directeurs souhaitent l'admettre, j'aurais gagné la confiance de ma brigade, qui se serait certainement fait honneur à cette occasion, et j'aurais ensuite fait tout mon possible moi-même, j'aurais été en règle avec l'armée .
Les inconvénients, que mon accident m'a causés:
Ma chère épouse, digne du meilleur sort, est morte, morte par ma faute, car elle n'a certainement pas survécu à ma disgrâce, cette bonne épouse, excellente mère, que j'espérais autrefois voir heureuse selon mon souhait quotidien ; pour moi, il était désirable de penser qu'avec le temps je passerais des jours paisibles en sa compagnie. Cette bonne épouse est morte en se désespérant et en se mortifiant à travers moi.
Mon garçon, grâce aux soins de son incomparable mère, jeune et plein d'espoir, est maintenant abandonné, pauvre et mendiant, accablé par la honte de son père.
L'aveu ci-dessus prouve que je vois ce que j'ai à attendre, car bien que, dans l'espoir que ma tête pourrait encore être de quelque utilité à l'armée, j'ai demandé à VA le Généralissime, ainsi qu'à vous le prince de Hohenzollern, par lettre ouverte, au moyen du "P" français.
J'ai fait appel à l'empereur Napoléon et au prince Berthier, par des lettres envoyées de manière fiable, pour être libéré sur parole. Pour attendre la décision, j'ai obtenu un mois de séjour à Neuburg, mais comme il n'y a pas eu de réponse, je dois maintenant aller à Strasbourg, où je demanderai à nouveau mon échange, et si je ne suis pas entendu, je devrai aller je ne sais pas où, mais ce que je peux dire avec certitude, c'est que chaque blessé ou prisonnier que je vois, chaque message que j'entends, est un coup de poignard dans le dos pour moi.
Vénérable FZM Otto ! tu dois regretter de m’avoir écrit un jour à l'occasion de ma promotion au grade de colonel, en remerciant le juste monarque, son frère brillant et l'armée pour mon avancement. Maintenant que tu dois me détester, comme tous ceux qui soupirent sous la pression des circonstances (et combien de millions (de soupirs) sont les leurs), et moi je suis toujours vivant !
Neuburg, 23 mai 1809. Thierry.À suivre...