Je reçois une intéressante question sur une unité assez méconnue pour que je ne m'en sois même pas souvenu dans le principe. Je trouve donc à propos de faire profiter tout le lectorat attentif de Planète Napoléon de la réponse, forcément partielle, mais cependant instructive, que j'ai pu y apporter... et si d'autres en savent plus, qu'ils ne se gênent pas, ce forum est là pour çà !
---------------------
Question :
Je fais actuellement quelques recherches sur les ouvriers militaires de marine du « Bataillon du Danube » de 1811 à 1814 (dans lequel j’avais un ancêtre). Or le terme de « bataillon du Danube » qui apparait en 1809 ne semble plus officiel en 1811 quand les ouvriers de marine sont restructurés en huit bataillons :
1er, 2ème & 3ème Bataillon de l'Escaut 4ème Bataillon: Boulogne
5ème Bataillon: Cherbourg
6ème Bataillon: Brest
7ème Bataillon: Toulon
8ème Bataillon: Rochefort
Le 2ème Bataillon de l’Escaut serait celui que l’on continuait d’appeler « Bataillon du Danube », toutefois je n’en suis pas certain. Je sais que ce Bataillon du Danube a participé à la campagne de Russie sous les ordres des généraux Eblé et Chasseloup, il est notamment évoqué lors du passage de la Bérézina. Peut-être connaitriez-vous la composition des unités sous les ordres de ces généraux lors de cette campagne ? Cela me permettait de savoir quel bataillon d’ouvrier de marine était ainsi surnommé « bataillon du Danube ».
-------------------
Réponses :
Je trouve dans mes Ordres de Bataille ou bouquins les mentions suivantes :
1°, page 346 du Fabry)
au Parc du génie de la Garde au 1er juillet 1812 (Livret de l'Empereur)
Ouvriers de la marine
1er bataillon de l'Escaut, 16 officiers, 824 hommes, 71 chevaux
------------------
2°, page 353 du Fabry)
Sous la rubrique "Artillerie dans les places et dépôts de communication"
au Parc général du génie
Bataillon de la Marine
Ouvriers militaires du Danube, 16 officiers, 794 hommes, 73 chevaux
------------------
Il semble donc bien qu'il y ait là deux unités distinctes, une qui fit la campagne avec la Garde, et une autre (la vôtre) qui se trouvait en arrière, au moins en juillet 1812, ce qui n'empêche pas qu'elle ait pu se trouver ensuite en ligne à la Bérézina, et d'ailleurs...
------------------
3°, page 82 du Girod de l'Ain)
"... le général Éblé... est désigné, le 7 février 1812, pour commander les équipages de pont de la Grande-Armée. Outre les pontonniers, il a sous ses ordres, les marins de la garde, le bataillon du Danube, et le parc du génie..."
------------------
4°, page 130 et 131 du Loredan Larchey)
"Les Pontonniers Chapelle et Chapuis" parlant du passage de la Bérézina :
"M. le général Éblé avait avec lui sept compagnies de pontonniers, fortes d'environ quatre cents hommes, en bon ordre, et ayant tous conservé leurs fusils." (ce qui était alors exceptionnel !).
"M. le général comte Chasseloup avait sous ses ordres plusieurs compagnies de sapeurs, et les restes du bataillon du Danube (ouvriers de la marine)."
-------------------
5°, annexes du Campredon)
Situation générale et détaillée de la garnison de Dantzig
(tirée de l'ouvrage relatif du capitaine du génie d'Artois)
La Marine était commandée par le contre-amiral Dumanoir
Le capitaine de frégate Rousseau, chef militaire, avait sous ses ordres :
4e Équipage de flotille, 12 officiers et 109 hommes
17e Équipage de flotille, 11 officiers et 198 hommes
Ouvriers de la marine, Bataillon du Danube, 6 officiers et 51 hommes
Ouvriers de la marine, Bataillon de l'Escaut, 15 officiers et 332 hommes
Cet ensemble de 740 présents sous les armes et 109 aux hôpitaux au 21 janvier 1813 au début du blocus, disposait de 97 chevaux.
Au 29 novembre 1813, à la capitulation, il restait 404 présents et 46 aux hôpitaux, zéro cheval (tous avaient été mangés).
Les malades ou éclopés restèrent à Dantzig, le reste eut l'occasion de retourner en Russie... comme prisonniers de guerre, dont les survivants revirent la France après la chute de l'Empire.
------------------
Sources :
Campredon (général), "Défense de Dantzig en 1813", Paris, 1883.
Fabry (G.), "Campagne de Russie 1812", T IV, Paris, 1903.
Girod de l'Ain (Maurice), Le général Éblé (1758-1812), Paris, 1893.
Lorédan Larchey, "Mémoires du Dix-Neuvième siècle", "Les Pontonniers Chapelle et Chapuis", Paris, 19??
-----------------
Diégo Mané