Barthélémy Bonhomme, 35e légère (1813-1814)
Jean-Pierre Bonhomme me questionne sur son ancêtre, Barthélémy Bonhomme (1786-1864) qui fut Chasseur au 35e légère en 1813 et 1814. Il était de Saint Martin Lestra, canton de Feurs, arrondissement de Montbrison, département de la Loire, chef-lieu Roanne.
La recherche de Jean-Pierre a été rendue possible par le fait que Barthélémy fut médaillé de Sainte-Hélène. Elle fut cependant longue et difficile, eu égard au fait qu'elle fut longtemps axée par erreur sur le 35e de ligne où, bien sûr, il ne trouva rien.
Au résumé du trouvé, et pour la seule partie purement militaire qui nous intéresse ici, il s'avère que Barthélémy, recruté le 22 novembre 1812, fut incorporé le 8 janvier 1813 à la 2e compagnie du Ve bataillon du 35e légère, soit le bataillon de dépôt dudit régiment. Barthélémy était de la classe 1806 mais, ayant tiré le n° 124 pour 81 mobilisés, avait été exempté.
En novembre 1812 il se porte remplaçant d'un conscrit moins chanceux. Il a donc alors touché un joli pécule (les tarifs avaient singulièrement augmenté) avec en outre un a-propos qui se vérifiera un an plus tard lorsque l'Empereur, à court de chair à canons, fera un nouvel appel de 300000 hommes qui vaudra rappel des exemptés de 1806. Barthélémy serait parti tout de même... Mais pour pas un sou !
Le 35e légère (ci-devant 1er régiment de la Méditerranée) avait en 1813 deux bataillons en Allemagne (le 1er au VIIe corps, Division Durutte, et le IVe à la garnison de Leipzig, division Margaron) et deux bataillons en Italie, les IIe et IIIe. Le Ve est le bataillon de dépôt, basé à Livourne, département de la Méditerranée, 29e Division Militaire (Florence). C'est qu'à l'époque, ce morceau d'Italie était annexé à la France au sein des "départements d'au-delà des Alpes".
Je réponds au passage à une question de Jean-Pierre Bonhomme qui se demandait le pourquoi de l'écart entre la date du recrutement de Barthélémy et sa date d'incorporation au V/35e légère.
D'abord un délai était toujours laissé au conscrit mobilisé afin d'arranger ses affaires.
On n'était considéré comme réfractaire que si on n'avait pas rejoint au bout d'un mois.
Ici la distance compte aussi. Un détachement de marche à dû être programmé à partir de Roanne... Qui se trouve à 732 km de Livourne où notre conscrit arriva le 8 Janvier 1813 après environ 30 jours de marche à la moyenne de 25 km par jour auxquels il faut ajouter un jour de repos par semaine environ, fonction aussi de l'état de fraîcheur des jeunes conscrits du détachement qu'il convient de ne pas laisser en trop grand nombre en arrière (d'où la moyenne de 25 km/jour au lieu des 32 en marche de guerre).
Si donc on compte cinq semaines pleines pour rallier le dépôt de Livourne depuis Roanne, on constate qu'il ne resta guère aux conscrits que une à deux semaines pour regagner leurs pénates (pas toutes très proches de Roanne), régler leurs affaires, faire leurs adieux et leur baluchon avant de retourner au chef-lieu (de canton, d'arrondissement, de département, selon) afin d'en partir en détachement de marche pour le dépôt.
La deuxième partie de l'article ci-dessous traite des marches de guerre, dont plusieurs principes valent aussi pour les marches des détachements rejoignant les armées.
http://www.planete-napoleon.com/docs/ORGDIV2.pdf
Dans le prochain message je vous listerai les éléments que j'ai trouvés sur ce régiment en Italie.
Diégo Mané