Incidences de la "remonte forcée" de la cavalerie de l'Armée du Portugal
effectuée par le maréchal Marmont début Juillet 1812Début juillet 1812, en prévision de la reprise de l'offensive par ses troupes de l'Armée de Portugal, et dans le but de renforcer sa trop faible cavalerie, le maréchal Marmont fit réquisitionner tous les chevaux surnuméraires détenus par les officiers et personnels sous son commandement afin de remonter une partie des 1.500 cavaliers sans monture du dépôt de Valladolid. Le maréchal étendit la mesure à un grand convoi venant d'Andalousie accompagné de cadres surnuméraires rentrant au pays.
Ces expédients "rendirent" 150 chevaux de trait (tirés du convoi) qui permirent d'atteler huit pièces de plus tout en complétant les attelages des autres, et surtout 669 chevaux de selle. Ces derniers étant donc des chevaux d'officiers n'étaient pas habitués au combat en ordre serré de la troupe en escadrons.
Cette raison, invoquée pour expliquer la "défaillance" de la cavalerie française le 27 juillet 1812 à la bataille des Arapiles, ne résiste pas, au moins pour les Dragons, à l'analyse des chiffres suivants.
Cavalerie légère du GB Curto (qui échoua à éclairer* comme à protéger les divisions de tête).
Le 3e Hussards, fort de 184 h le 01/07, reçut 68 cvx, représentant environ 25% du nouvel effectif.
Le 13e Chasseurs, 394 h le 01/07, reçut 156 cvx, représentant environ 28% du nouvel effectif.
Le 14e Chasseurs, 215 h le 01/07, reçut 134 cvx, représentant environ 38% du nouvel effectif.
Le 22e Chasseurs, 203 h le 01/07, reçut 71 cvx, représentant environ 26% du nouvel effectif.
Le 26e Chasseurs, 230 h le 01/07, reçut 106 cvx, représentant environ 32% du nouvel effectif.
Le 28e Chasseurs (Toscan), arrivé avec la Division Bonet, 134 h le 01/07, ne reçut aucun cheval.
Dans le cas de cette cavalerie légère, le contingent de nouveaux chevaux peu adaptés au service est en effet important. Mais fut-ce avec des chevaux non dressés à l'ordre serré, les fonctions de reconnaissance en fourrageurs n'ont aucune raison de ne pas remplir leur objet, sauf bien sûr si on "éclaire" dans la mauvaise direction et du mauvais côté des colonnes. Mais cela n'est pas de la faute des cavaliers ni des chevaux. Celle du général Curto est en revanche évidente.
Cavalerie lourde du GB Boyer (dont la 1ère brigade échoua dans sa mission de soutien de Clausel).
Le 6e Dragons, 396 h le 01/07, ne reçut aucun cheval de remonte, n'en ayant pas besoin.
Le 11e Dragons, 430 h le 01/07, ne reçut aucun cheval de remonte, n'en ayant pas besoin.
Le 15e Dragons, 288 h le 01/07, reçut 17 cvx, représentant environ 6% du nouvel effectif.
Le 25e Dragons, 263 h le 01/07, reçut 18 cvx, représentant environ 6% du nouvel effectif.
Dans le cas de cette cavalerie lourde nous constatons que le renfort ne fut que de 6% à la deuxième brigade. Pas de quoi réduire sensiblement sa valeur. En outre au moins le 15e Dragons resta avec Foy.
Pour la première brigade, qui fut engagée dans l'offensive de Clausel, il est clair qu'elle ne reçut aucun cheval de renfort, n'en ayant pas besoin. Sa valeur intrinsèque est donc intacte de ce point de vue, et son échec relatif dans la mission qui lui était fixée relève là aussi de son mauvais emploi tactique, cette fois par le général Pierre Boyer. Contrairement à Curto il avait une circonstance atténuante car au vu de son CV il était essentiellement un officier d'État-Major, commandant pour la première (et dernière) fois de la cavalerie au combat.
Il venait de remplacer Montbrun par intérim. Gageons que "le remplacé" aurait mieux "joué" ses troupes et, qui sait, permis le succès de Clausel... Mais comme d'autres, par exemple Reynier, il était de nature à "faire de l'ombre" à Marmont qui s'en débarrassa. "Qui se ressemble s'assemble" dit un proverbe, et les "familles militaires" n'échappent pas à ce précepte. Il suffit de voir celles de plusieurs de nos héroïques empanachés pour s'en convaincre. Les incompétents font souvent florès sous des chefs du même métal qu'eux, expliquant par construction les revers "collectifs" ainsi engrangés.
Je viens de corriger en rapport le passage concerné, en bas de page 10, de mon article relatif sur les Arapiles, ici :
http://www.planete-napoleon.com/docs/1812-Arapiles.pdfDiégo Mané