Denis Bouttet, le 07/03/2019
Voici mon point de vue actuel sur les types de troupes républicaines à modéliser pour la période septembre à décembre 1793. C'est bien évidemment perfectible mais c'est une première "pièce à casser".
Un point important me semble être, qu'au vu du foisonnement de dénominations, au fort taux de remplacement des hommes (nombre sont des volontaires engagés par contrat pour une durée parfois réduite) et au peu de descriptions de leur valeurs combattantes, il faut rester humble et surtout simple.
Bonne lecture et n'hésitez à partager vos remarques et interrogations.
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Pour les troupes républicaines Au niveau de
l'infanterie, je vous propose les catégories suivantes :
l'infanterie de ligne Inclus : les régiments de ligne, les volontaires départementaux de 1791, les volontaires départementaux de 1792, les bataillons de gendarmes départementaux, les bataillons de grenadiers réunis de volontaires de 1793.
Commentaires : les unités de volontaires de 1792 ont été créées et équipées lors du dernier trimestre 1792 pour répondre à l'appel de la Patrie en Danger, elles sont entraînées et aguerries et rien ne permet de vraiment les différencier hormis l'ancienneté des hommes sous les armes mais est-ce réellement un critère ?
Caractéristiques : au niveau de la manoeuvre on est sur une application standard du règlement de 1791 mais pas de capacité à tirailler. On pourrait être sur du L4 avec un CCF2, FT0, Feu1 et CàC2.
l'infanterie légère Inclus : les bataillons d'infanterie légère (n° inférieur à 17), les compagnies de chasseurs volontaires, la légion des francs et les chasseurs de Cassel, la légion nantaise.
Commentaires : nombre de bataillons de chasseurs ont été créés en 1793 à partir de troupes éparses dont notamment des légions de 1792 (ex 22e et 23e) et ne constituent pas pour autant de bonnes troupes. Contrairement à ce que peut laisser croire son nom, la légion des francs est créée à partir de compagnies de d'infanterie de ligne.
Caractéristiques : au niveau de la manoeuvre on est sur une application standard du règlement de 1791 mais avec une capacité à tirailler (ce sont des troupes d'avant-garde). On pourraît être sur du L4 (ex : légion nantaise) ou L5 (Mayençais) avec un CCF2, FT1, Feu1 et CàC2.
les grenadiers réunis Inclus : tous les bataillons de grenadiers réunis sauf les bataillons de grenadiers issus de volontaires de 1793 vus comme ligne (il n'y a donc pas de type spécifique).
Commentaires : inutile de tenir compte de l'origine des compagnies, voyons les plutôt comme un tout. Ce sont les meilleures troupes de l'armée mais sans pour autant être de véritables troupes de choc (comme on les retrouvera plus tard sous l'Empire). Ce sont des troupes d'élite, reconnaissables (d'ailleurs il n'y a qu'eux sur la majorité des tableaux et illustrations de la période).
Caractéristiques : au niveau de la manoeuvre on est sur une application standard du règlement de 1791 mais pas de capacité à tirailler. On pourrait être sur du E6, CCF2, FT0, Feu1 et CàC2.
les volontaires de 93 Inclus : toutes unités de volontaires départementaux de 1793, les légions de volontaires (y-compris bataillons de chasseurs > au n°16), les bataillons de la formation d'Orléans, certaines unités de la garde nationale.
Commentaires : ce sont des unités en devenir, peu aguerries et promptes à fuir. Pour les légions, s'il est possible de les qualifier de troupes légères, c'est plus par leur caractère irrégulier apte à la rapine qu'à leur faculté d'évoluer en tirailleurs : si on les voit en tirailleurs, c'est sans formation.
Caractéristiques : pas sûr que ces troupes sachent appliquer le règlement de 1791, les mieux encadrées peut être. On pourrait reprendre les caractéristiques de la landwehr prussienne de 1813.
les supplétifs Inclus : les compagnies d'invalides, les bataillons de la formation de Doué ou d'Angers et autres unités de réquisitionnaires, les bataillons de la garde nationale, etc...
Commentaires : ce sont soit des miliciens pas formés pour faire la guerre en rase campagne, soit des unités en formation.
Caractéristiques : comme les volontaires de 93 mais en pire. Opolchenie ?
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Au niveau de
la cavalerie, voici ma proposition
Note préalable : il ne me semble pas pas qu'il y ait eu des problèmes de remonte récurrents, j'aurai tendance à croire que les chevaux utilisés étaient à la taille réglementaire (impact sur le Type) mais je ne connais pas la règlementation en vigueur à cette époque (Peut-être Diégo saurait).
Cavalerie légère "régulière" Inclus : les régiments de chasseurs à cheval, les régiments de hussards, les régiments de dragons, les chasseurs de Cassel à cheval.
Commentaires : les chasseurs à cheval et les hussards employés en Vendée sont le plus souvent des unités récentes créées à partir d'autres unités de volontaires en général déjà expérimentées voire aguerries (levées en 1792 pour la plupart). L'esprit de corps n'y est pas encore développé. Les dragons à cette période ne sont encore que de l'infanterie montée (peu ou prou), pas sûr qu'ils aient de plus grands chevaux.
Caractéristiques : la manoeuvrabilité des troupes est sans doute inférieure au standard de l'époque, du coup, je laisserai Diégo décider du CCF (1 ou 2). Sinon, on pourraît être sur du L4 avec du FT1, Feu0, CàC2.
Autre cavalerie légère Inclus : la cavalerie des légions.
Commentaires : en l'occurrence, celle de la légion du Nord. Aucune idée de leur valeur, sans doute inférieure à la cavalerie légère régulière.
Caractéristiques : On pourrait prendre les caractéristiques des Cosaques réguliers, sans les avantages de leur manoeuvrabilité.
Cavalerie départementale Inclus : les gardes nationales à cheval, les unités de gendarmerie.
Commentaires : ce ne sont pas des troupes de bataille, leur valeur combattante est faible.
Caractéristiques : On pourrait prendre les caractéristiques de la landwehr prussienne 1813 à cheval.
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Au niveau de
l'artillerie Note préalable : Plusieurs problèmes se posent pour évaluer ces unités qui ne sont pas encore celles de l'Empire. Le matériel est celui du système Gribeauval et il ne manque pas de matériel (une grande partie ira même à l'ennemi), d'autant qu'une fonderie de canons (de marine, certes) est en service à Indret (près de Nantes). Les trains d'équipages sont civils pour une grande partie (j'aurai tendance à croire que celui des batteries volantes est militarisé mais j'ai un doute) ce qui rend moins manoeuvrantes les batteries.
Pour les calibres, je n'ai pas étudié la question et n'ai pas d'avis hormis qu'il y a les mêmes en face (notamment du 12 livres). Les unités d'artilleurs sont d'origine très diverses : volontaires, garde nationale, ligne, plus l'artillerie issue des bataillons (par simplification, on les ignore). Compte tenu du peu de canons déployés, que n'est pas artilleur qui veut, je me limiterai à ce stade à quelques profils "génériques". Comme pour la cavalerie, je suppose que les chevaux sont conformes au règlement.
Artillerie à cheval Inclus : l'artillerie volante.
Commentaires : c'est une artillerie sensée être manoeuvrante. C'est à mon avis une troupe d'élite.
Caractéristiques : On pourrait être sur du E6, CCF2 avec un FT0, Feu2 et CàC0.
Artillerie à pied Inclus : toute compagnie d'artillerie en campagne, quelle que soit son origine.
Commentaires : le règlement est le même pour tous les artilleurs et n'est pas artilleur qui veut. Si les compagnies sont à l'armée, c'est qu'elles en sont capables au vu du nombre de compagnies de canonniers qui restent dans les garnisons.
Caractéristiques : on pourrait être sur du L5, CCF1, FTO, Feu2 et CàC0.
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Au niveau des bonus d'ensemble, les Républicains sur cette période sont particulièrement motivés pour avancer sur leur adversaire mais c'est plutôt le fait de leurs généraux et des représentants en mission. Dans les batailles, il me semble que la posture générale soit plutôt défensive : barrière de feu contre la horde adverse. C'est pourquoi, je ne donnerais pas de bonus général ni en ATTaque ni en DÉFense.
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Au niveau des
officiers généraux et adjudants-généraux impliqués dans cette campagne.
Note préalable : la plus grande difficulté pour évaluer les capacités des officiers à cette période, c'est le côté éphémère de leur commandement : soit parce que le fait politique fait et défait des carrières à une vitesse incroyable, soit parce qu'ils meurent trop tôt. L'évaluation qui va suivre est partiale, ne m'en veuillez pas. Par défaut, les généraux sont MAU CIR +1. Si l'apport moral par défaut est de +1, dans certain cas un 0 est plus que nécessaire.
LÉCHELLE INC PDT 0
KLÉBER EXC AGR +2
BEAUPUY BON AGR +1
HAXO EXC AGR +1
VIMEUX NOR RES +1
SCHERB NOR CIR +1
BARD NOR CIR +1 carrière courte (2 mois) mais capable
MARCEAU BON AGR +2 il n'est pas encore celui qu'il deviendra
CHALBOS MAU CIR +1
MULLER MAU CIR +1
CHABOT MAU PDT +1 Ivogne ?
THÉVENET (C) MAU CIR 0 alias DANICAN. Changera de camp.
WESTERMANN (C) NOR TEM +1
LEGROS MAU CIR +1
CANUEL NOR CIR +1
BLOSSE NOR AGR +1
ROSSIGNOL INC PDT 0
MARIGNY BON AGR +1
DELAAGE (A) NOR AGR +1
SÉPHER MAU CIR +1
TILLY NOR RES +1
BEYSSER MAU AGR +1 Ivogne ?
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Réponses aux questions de Diégo 1- De l'intérêt de descendre au niveau des compagnies d'élite non réunies ? Les bataillons d'infanterie de ligne de l'époque sont à 9 compagnies dont une de grenadiers. Dans 90% des cas, les compagnies de grenadiers ont été retirées et le plus souvent, dès leur création.Les bataillons de chasseurs n'ont pas encore de compagnie de carabiniers (de mémoire, ce sera clarifié dans la réglementation de 1794).
Il n'y a aucun intérêt ludique à tenir compte de cet aspect.
2- Réunies je trouve des Grenadiers de ligne, et des grenadiers de bataillons de volontaires, voire aussi de garde nationale... Différencier ces types ? Je distinguerai deux types de grenadiers (cf. avant) : les grenadiers issus de troupes régulières et les autres. Si les premiers apportent un vraie différence combative, je suis sceptique sur les autres. Histoire de ne pas créer de catégorie spécifique supplémentaire pour un nombre limité d'unités, je les ai associées à troupe de ligne mais c'est cher payé notamment au niveau CCF. Compromis donc. On peu en trouver en nombre plus important ailleurs comme lors du siège de Lyon.
3- Les "Mayençais" sont signalés par un "M" dans l'OB de Thierry, et cela suppose en théorie qu'il s'agit en totalité de vétérans...Or je trouve dans la seule avant-garde de Beaupuy des troupes dénommées : "Légion des Francs", donc des "Légionnaires", donnés par Denis comme "troupes légères de second rang, à la limite des irréguliers" "Chasseurs de Cassel" qui, n'étant pas "de ligne", sont à cataloguer "légers" de seconde catégorie (comme ci-dessus ?), incapables de manoeuvrer en ordre serré ? Bref, la dénomination "Mayençais", intéressante pour le suivi historique, est-elle pertinente en soi pour le tri "ludique" dès lors qu'elle regroupe des types de troupes si différents ? Cela ne constitue pas ludiquement une catégorie effectivement mais une simplification d'usage pour décrire ces troupes. La légion des francs est une très bonne troupe à l'avant-garde et impliquée dans tous les combats. Ce sont avec les chasseurs de Cassel les meilleurs légers de tout l'Ouest. A ce titre, il ne seront amalgamés que très tardivement, sans doute pour préserver l'esprit de corps ou parce-que très utilisées. Idem pour la légion nantaise. Faudrait vérifier s'il y a beaucoup d'unités de volontaires de 1793 dans l'Armée de Mayence mais j'en doute.
4- Ensuite Thierry nous gratifie, pour certains Volontaires, de leur date de création, 1791, 1792 et 1793. Cela justifie-t-il trois lignes de CN ? i.e. les caractéristiques (différentes ?) de ces troupes sont-elles si "tranchées" ? Les volontaires de 1791 sont des troupes de ligne.
Ceux de 1792 sont encore des volontaires dont l'équipement a été financé par la Convention. Leurs cadres proviennent soit de la ligne soit des volontaires de 1791. Ces troupes ont été entraînées et pour certaines aguerries. Il ne me semble pas nécessaire de faire une distinction.
Les volontaires de 1793 sont constitués d'un ramassis de tout, volontaires certes mais sur le papier, mais également des réquisitionnaires de la levée en masse.
Les unités de la formation d'Orléans ont généralement pour noyau une compagnie d'un bataillon aguerri (en général des volontaires de 1791).
Les bataillons parisiens de seconde formation pour la Vendée ont surtout servi à vider les banlieues parisiennes de leurs sans-emploi.
Les formations de Doué ou d'Angers ne servent qu'à caserner des réquisitionnaires. Ce qui fait la différence avec les autres volontaires, c'est tout : l'entraînement, l'encadrement, l'équipement, la motivation. Les autorités en ont bien conscience : l'amalgame est, entre autres, un moyen de faire monter le niveau de ces unités.
5- Bref, quelles sont les catégories que vous considérez, raisonnablement, comme justifiant une ligne de CN relative par leurs caractéristiques propres ? J’ai essayé de faire la liste des différentes unités : Légion des Francs, Chasseurs de Cassel, Grenadiers réunis, Chasseurs à pied, division de gendarmerie, volontaires, volontaires de 1793 et bataillons de Paris de 2e formation (« héros de 500 livres »), Formations d’Orléans, Infanterie de ligne, Légion du Nord (de Westermann : plutôt des soudards).
Dans cette liste, on pourrait peut-être différencier :
1-infanterie légère entraînée (chasseurs, légion des Francs ?, chasseurs de Cassel ?) ;
2-volontaires entraînés ; volontaires et léger peu entraînés (de 1793, division de gendarmerie) ;
3-Grenadiers réunis ;
4-infanterie de ligne ;
5-quasi-irréguliers (les héros de 500 livres, légion du nord ?)
J'espère avoir répondu via la proposition ci-dessus
Suite au prochain épisode pour les troupes royalistes...
Denis