J'ai d'abord publié la première partie du texte ci-dessous dans le post relatif au 6e Chevau-légers lanciers en 1812, ici :
posting.php?mode=edit&f=1&p=14064
Avant de m'aviser que le sujet particulier Inkowo méritait son post à lui. Dont'acte !
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La surprise d' Inkowo, le 8 août 1812
Souvent présenté ainsi (une surprise), le combat d'Inkowo est aussi une curiosité, une de ces actions "originales" de bout en bout, dont on se demande encore comment cela a pu arriver en ces termes.
La Division Sébastiani, dont le chef est malade, dépend du 2e corps de cavalerie dont le chef, Montbrun, est également malade. Ah que voilà un mauvais début ! Et ce n'est pas fini. Leur chef à tous deux est le maréchal Murat, roi de Naples et commandant de toute la cavalerie, qui vient de s'absenter pour rencontrer Napoléon à Vitebsk. Malgré sa "position dominante" Murat ne dispose pas formellement du 3e corps de cavalerie de Grouchy... Ni clairement, à l'analyse postérieure, des cavaleries des Ier corps de Davout et IIIe corps de Ney auxquelles il donne pourtant des ordres alors que leurs généraux continuent d'adresser des rapports à leurs maréchaux respectifs.
Il s'ensuit que le maréchal Ney, désireux de passer sa cavalerie en revue, la retire sans préavis de la première ligne où elle flanquait la Division Sébastiani qui formait l'avant-garde de l'armée... Cette dernière avait toutefois perdu absolument tout contact avec l'armée russe que l'on croyait en retraite pendant que l'Empereur attendait en vain à Vitebsk une réponse à ses proposritions de paix, faute qu'il renouvellera à Smolensk, puis encore, une fois de trop, à Moscou. Nous tenons déjà une triple faute, dont les Russes ne profiteront que par le hasard, qui fait parfois bien les choses, là pour eux ! Ils avaient en effet décidé de prendre l'offensive sur Vitebsk, et donc d'attaquer d'abord Sébastiani qui se trouvait en pointe à leur portée.
La concentration soudaine de troupes russes sur son front le 7, là où il n'y avait rien depuis des jours entiers, attire l'attention de Sébastiani et l'inquiète assez pour qu'il tienne sa division à cheval toute la nuit du 7 au 8 août, épuisant sa troupe pour rien puisque rien ne se passe avant qu'il ne l'autorise à desseller. Alors, et seulement alors, les Cosaques de Platov surgiront et surprendront Sébastiani qui, encore surpris à Winkowo (à un "W" près c'était la même !) le 18 octobre prochain, gagnera le sobriquet de "général surprise" que lui décernera sa belle mère qui disait : "à la guerre mon gendre vole de surprise en surprise".
Bref, cela partit mal pour les brigades Burthe et Saint-Genies qui étaient en première ligne et furent donc "surprises" par deux régiments cosaques. Arrine alors Montbrun, parvenu à enfiler ses bottes malgré la goutte. Il rallie et lance en avant ses 2.000 cavaliers, voulant savoir ce qu'il y a derrière ce "rideau" de Cosaques qu'il pousse devant lui. Ces derniers démasquent une batterie de 12 pièces du Don, mais les Français disposent d'un peu d'infanterie, trois compagnies du 24e léger dont celle de voltigeurs est sur le point d'enlever les canons. Platov lance alors trois régiments dans le flanc des cavaliers français, les faisant lâcher prise en désordre, tandis qu'arrivent aussi Kalmoucks et Bashkirs qui se chargent de les poursuivre en déroute deux lieues durant. Les voltigeurs sont pris.
La brigade Subervie qui arrive stoppe un temps la poursuite russe. Un temps seulement car 2.000 hussards russes, appuyés par six pièces à cheval, viennent sous Pahlen renforcer Platov. Débordés sur leurs flancs par les Cosaques, les Français reculent sous les boulets devant les hussards, perdant bien du monde dans le processus. Il faudra, pour sauver la situation, la désobéissance aux ordres de Ney par la brigade Beurmann qu'il avait rappelée. Au bruit du canon le général fit demi-tour et put former un élément de recueil aux trois brigades de Sébastiani, tandis que les six pièces wurtembergeoises dont il disposait démontèrent deux pièces russes et forcèrent les autres à se replier. Cela suffit à stopper l'offensive jusque-là victorieuse des Russes.
Pourquoi donc ? C'est une bonne question dont la réponse est assez savoureuse pour figurer ici...
Où je vous la donnerai la prochaine fois !
Diégo Mané