Merci Jean-François, voici de la contribution utile puisqu'elle apporte des éléments, pose des questions qui me font chercher et trouver des réponses, bref, fait avancer les choses.
J'avais libellé mon tableau en hands parce-que c'est dans cette mesure que j'avais trouvé le plus de correspondances et que ce qui m'intéressait c'était surtout leur rapport entre elles. Les Français de l'empire, eux, mesuraient en mètres et centimètres, tout en continuant à préciser pieds et pouces.
"hand" signifie "main". On mesurait la taille d'un cheval en mains. Une main, doigts écartés, on prenait la mesure du bout du pouce à l'extrémité du petit doigt. Je viens de vérifier pour moi qui n'ai pas de très grandes mains et je trouve 20 cm d'amplitude...
Ce qui tendrait à prouver que nos ancêtres étaient réellement plus petits que nous. Je l'avais déjà vérifié en coiffant un shako de capitaine-colonel du 153e de ligne, trop petit pour ma petite tête. Nous le savons aussi pour la taille moyenne des hommes. Le voici confirmé pour la taille des mains.
Une main, donc, est en effet "standardisée" à 10,16 cm, soit 4 inches. Pourquoi vous parlé-je anglais ? Why ? Parce-que ces gens compliqués ont traduit une main par 4 inches et que par suite, lorsqu'ils mesuraient un cheval cela se traduisait par un nombre de "hands" suivi après la virgule éventuelle d'un nombre d'"inches". Ainsi, par exemple, 15,3 hh signifie 15 hands et 3 inches, les "hh" signifiant "hands high" soit "mains de hauteur".
Il ne peut, par construction, y avoir de chiffre plus élevé que 3 après la virgule puisque 4 inches = 1 hand, et donc 15,4 hh correspond de facto à 16 hh. Understand ? Oui, je sais, ce n'est pas simple pour qui n'est pas anglo-saxon... et même pour eux. J'ai en effet trouvé des éléments en anglais sur le net qui me donnent des cuirassiers russes montés sur des "horses of 15,7 hh", donnée donc manifestement fausse. D'où mes questionnements relatifs.
Heureusement le net apporte aussi des réponses. J'en ai trouvé une qui si elle ne m'apprend rien de plus que ce que je viens de vous exposer nous propose cependant un tableau de conversion en cm des différentes tailles de chevaux exprimées en hands. Très utile donc. Very usefull, indeed ! Le voici :
http://www.localriding.com/how-to-measure-a-horse.htmlRetour aux tailles des chevaux sous l'Empire. Pour les Français en 1806 (et donc en 1809 puisque cela n'a été modifié qu'en 1812) la "Revue de Cavalerie" tome XVI de 1892-1893 donne, page 281 :
"La taille mesurée sous potence devait être :
Pour les carabiniers et cuirassiers : de 1,556 m à 1,597 m (4 pieds 9 pouces 1/2 à 4 pieds 11 pouces);
Pour les dragons et l'artillerie à cheval : de 1,529 m à 1,570 m (4 pieds 8 pouces 1/2 à 4 pieds 10 pouces);
Pour les chasseurs, les hussards et les bataillons du train de 1,489 m à 1,529 m (4 pieds 7 pouces à 4 pieds 8 pouces 1/2).
On pensait déjà qu'une subdivision d'arme ne devait commencer qu'où l'autre finissait et qu'il ne devait pas y avoir de chevaux de dragons ayant la taille de ceux de cuirassiers ; mais cependant l'instruction permettait ce cheminement."
Il est intéressant de constater dans les éléments communiqués par Jean-François et datant d'un siècle plus tard environ, que les trois subdivisons d'armes (nos trois types ludiques) perdurent, mais que l'on a mis fin au "chevauchement" des tailles que le rédacteur ci-dessus déplore pour le Premier Empire.
Le passage de Jean-François relatif aux races et disant en substance que chacune a sa taille interpelle, et, en effet, je constate que chaque subdivision d'arme avait sa zone de remonte (et donc race) attribuée.
Ainsi la Revue de Cavalerie (op. cité) donne pour 1806 (page 280) les éléments suivants :
"... les chevaux des carabiniers et des cuirassiers devaient être tirés de l'Allemagne et de préférence du Mecklembourg jusqu'au ... 22 septembre 1807 ; passé cette époque, ils devaient être tirés des départements de l'intérieur de l'Empire ;
Ceux des dragons et de l'artillerie à cheval des départements du Calvados, de la Dyle, de l'Eure, du Finistère, de la Manche, de la Meuse-Inférieure, de l'Orne, de l'Ourthe et de la Seine-Inférieure ;
Ceux des chasseurs, des hussards et des bataillons du train, de préférence des Ardennes, du Cantal, de la Corrèze, du Finistère, du Morbihan, de la Nièvre, du Nord, du Puy-de-Dôme, des Pyrénées et de la Haute-Vienne."
De tout ceci ressort que "Zoé", bien qu'Ardennaise, aurait été retoquée pour défaut de taille, mais aussi parce-que l'on ne prenait que des hongres car "pour les besoins de la propagation de l'espèce... on n'admettait pas de juments." C'est du moins ce que disait le règlement, car j'ai pu constater de très nombreuses "entorses" à ce principe au fil de mes lectures de mémoires (Chevalier, Parquin, Marbot...).
Pour finir je vous donne un passage intéressant tiré du De Brack -officier de cavalerie sous l'Empire- ("Avant-postes de cavalerie légère", édition de 1880, Paris, pages 378-379), dans son inimitable style questions-réponses :
Demande. Comment classez-vous les races pour le service de la cavalerie légère ?
Réponse. Les russes, polonaises et hongroises, de petite espèce danoise, de Litoche, française, ardennaise, et dite allemande.
D. Je croyais les chevaux allemands meilleurs que les français ?
R. C'est une erreur : ils sont plus légers peut-être, plus faciles à dresser, mais ils ont moins de membres, d'aplomb et de durée.
D. Avez-vous des races, en France, pour les remontes de la cavalerie légère ?
R. Peu de distinctives : ... je distinguerais les auvergnate, morvandille, nivernaise, bretonne et bearnaise.
D. Et la normande ?
R. Elle est trop chère pour la cavalerie légère."
Voilà, c'est dit. On constatera que la race "française" ne vient qu'en 6e position pour le service de la cavalerie légère, avant l'ardennaise et après les bêtes de "Litoche" (au fait, c'est où la Litoche ?). On trouve aussi la confirmation que les chevaux allemands sont "plus légers" et ont "moins de membres et d'aplomb".
C.Q.F.Diégo