J'ouvre ce post suite à la question suivante de Philippe Aubé, qui se trouvera mieux à sa place ici :
"Écartons-nous de l'histoire un moment... Imaginons une Prusse prête à la révolte, roi en tête... Quels effectifs les Prussiens auraient-ils pu mettre en campagne ?
Les anglais auraient-ils pu les équiper pour compléter les faibles troupes régulières ? Quel aurait été, dans ce cas, le port le plus évident comme objectif ?"
Alors à la première question, supposons que le roi, de pusillanime soit devenu résolu, ce qui paraît improbable, où qu'il ait cédé au parti de la guerre, ce qui est davantage possible puisqu'il finira par lui céder... un an plus tard, un an trop tard !
En effet, il se présenta à la Prusse en 1805, la plus belle occasion d'intervention militaire que l'Histoire lui ait offerte depuis 1740. Le roi, qui ne voulait surtout pas s'engager sans y avoir été contraint, pouvait légitimement le faire après la violation délibérée par la Grande Armée du territoire prussien d'Anspach, jugée nécessaire au succès de la manoeuvre d'Ulm par Napoléon.
L'armée prussienne avait été mobilisée en deux temps en Septembre 1805. D'abord pour garantir sa neutralité, ensuite pour réagir aux prétentions russes de traverser ses territoires polonais pour joindre les Autrichiens. Donc, lorsque début Octobre les Français traversent Anspach, l'armée est prête à intervenir... y compris contre les Russes le cas échéant !
Le fait de passer du côté de la Coalition aurait libéré les forces opposées à Bennigsen sur la frontière Est, et ce dernier se serait alors joint à elles. Historiquement il n'en fut rien et le reste de l'armée se dirigea vers le Hanovre, la Thuringe et la Franconie, pendant que Napoléon mettait Mack hors de cause à Ulm, prenait Vienne et s'engageait en Moravie.
Le moment idéal et "légitime" était alors passé, mais celui d'intervenir pas encore. La Prusse aurait pu le faire avec 150.000 hommes, changeant très probablement la face des choses. La victoire certes n'était pas assurée pour autant, mais qui peut douter que la défaite éventuelle n'aurait certainement pas pris le tour désastreux qu'elle montra un an plus tard ?
Diégo Mané