De la fiabilité des états de situations (correspondance du Maréchal Davout)
“A l’Empereur et Roi
Dobrowna, 7 août 1812
Sire, j’ai l’honneur d’adresser à Votre Majesté, conformément à sa demande, la situation détaillée des troupes du 1er corps qui sont avec moi et des divisions Claparède et Valence, au 1er août.
Cet état présente une assez grande différence en moins dans les présents au 85e et 108e de ligne, avec l’état de la revue d’appel passée le ...juillet, et que j’ai eu l’honneur d’envoyer à Votre Majesté.
Cette différence provient de quelques faibles détachements d’hommes restés en arrière, mais plus encore d’erreurs faites par le sous-inspecteur aux revues de la division dans ses états, erreurs que j’ai reconnues et fait rectifier.
L’état que j’adresse à Votre Majesté présente une colonne des hommes égarés, sur lesquels je n’ai aucun renseignement.
Je soumet le résultat par régiment à Votre Majesté.
Le 85e a en arrière 368 hommes.
Le 108e a en arrière 192 hommes.”
J’arrête là cet extrait qui suffit à ma démonstration, à savoir que même de superbes états à l’homme près ne sont pas preuve de la fiabilité absolue du renseignement qu’ils donnent.
Maintenant, sauf l’énorme respect que je porte au Maréchal Davout, il ne reconnaît que 900 pertes à Mohilew (23 Juillet 1812) alors que la seule division Dessaix en détaille 942 dans son rapport et que la division Compans a nécessairement perdu aussi du monde, Martinien indiquant 11 officiers tués ou blessés au 61e de ligne.
Pour un nombre identique le 85e de ligne déplora 247 pertes. L’on peut donc en induire que les pertes françaises à Mohilew sont de l’ordre de 1.200 hommes... toutefois loin des 4.134 que les Russes prétendent avoir infligées, et dont je me demande encore comment ils auraient pu les compter en étant partis.
Ces éléments, tirés de mon Ordre de Bataille de Mohilew (Saltanowka), me permettent d’illustrer une hypothèse, dont je ne dis pas que c’est le cas de Davout en l’occurrence.
Un moyen de minorer ses pertes à une bataille est bien le recours aux hommes “en arrière” ou “égarés”... qui parfois ne rejoignent jamais... sans être imputés aux combats.
Un autre moyen, que je n’avais jamais vu jusqu’à présent, d’où l’intérêt de le mettre en exergue aujourd’hui, est de dire, à tort ou a raison, que la situation précédente était fausse, parole de maréchal d’Empire !
Que pèse en face celle du sous-inspecteur aux revues Albite, dont l’avancement à dû prendre du retard ?
Diégo Mané