Petites histoires d'avant-postes, hiver 1814

Tous les sujets relatifs aux guerres de la Révolution et de l'Empire (1792-1815) ont leur place ici. Le but est qu'il en soit débattu de manière sérieuse, voire studieuse. Les questions amenant des développements importants ou nouveaux pourront voir ces derniers se transformer en articles "permanents" sur le site.

Modérateurs: MASSON Bruno, FONTANEL Patrick, MANÉ John-Alexandre

Petites histoires d'avant-postes, hiver 1814

Messagepar MASSON Bruno sur 26 Oct 2012, 16:08

Entre décembre 1813 et janvier 1814, les armées de Wellington et de Soult se trouvent en quartiers d'Hiver à très courte distance l'une de l'autre, et, comme souvent dans ce cas-là, des scènes de fraternisation ont été observées; en voici quelques-unes qui valent le détour:

-les officiers commandant le 18th hussars et le 21e chasseurs à cheval, placés de part et d'autre de la Joyeuse, se sont arrangés pour que chaque camp emmène boire ses montures par alternance dans le cours d'eau les séparant.

-un bœuf donné à une compagnie du 26e de ligne pour sa ration de viande ayant échappé au boucher, et ayant couru dans les lignes Anglaises de la 3rd Div, le capitaine de la compagnie envoya un tambour et un caporal demander la restitution de l'animal "car ça faisait une semaine qu'ils n'avaient pas eu de viande". En réponse, le major de l'unité d'en face renvoya la moitié arrière de l'animal (en disant que de leur côté aussi, la viande était rare), avec un panier de miches de pain en compensation pour la partie manquante.

-à Arcangues, l'officier commandant les avant-postes Français trouva un jour sa sentinelle et celle du 95th à leurs places, mais le reste des piquets adverses dans une maison en ruine entre les deux lignes, en train de boire ensemble le vin trouvé dans la cave. A son arrivée, il fut salué par l'ensemble des parties qui retournèrent à leurs postes.

-la veille de Noël 1813, les troupiers d'une compagnie du 95th occupant le château d'Urdains se cotisèrent d'un demi dollar chacun, et envoyèrent l'un d'eux dans les lignes Françaises acheter de l'alcool. Malheureusement, l’acheteur, après avoir fait ses emplettes, goûta un peu trop sa marchandise, et il fallu que la sentinelle Française apostrophe son homologue Anglaise, lui demandant d'envoyer un groupe le ramasser car il se trouvait dans le fossé sur le bord de la route, ivre-mort.

-Georges Bell du 34th, fit l'acquisition auprès d'un marchand de Bayonne d'une pièce de toile grise pour se refaire une surculotte règlementaire

-le même trouva un jour une sentinelle Irlandaise à son poste, avec à l'épaule 2 mousquets, le sien et le Charleville de son vis-à-vis. Questionné, ce soldat lui appris que le français lui avait proposé de leur acheter de l'alcool du côté Français, et lui avait laissé son mousquet en gage. Peu après, le lieutenant Français fit son apparition, ayant trouvé sur la route sa propre sentinelle, sans mousquet mais avec 2 bouteilles, qui revenait vers les avant-postes. Après une courte discussion, les sentinelles risquant le peloton si la frasque venait à se savoir, les officiers décidèrent de laisser couler.
MASSON Bruno
 

Re: petites histoires d'avant-poste , hiver 1814

Messagepar BEYER Olivier sur 27 Oct 2012, 11:00

Six ans et demi de guerre, sa rapproche :)
BEYER Olivier
 

Re: Petites histoires d'avant-postes, hiver 1814

Messagepar MANÉ Diégo sur 28 Oct 2012, 14:14

Merci Bruno pour ces quelques tranches de vie (puisque personne n'est mort !).

J'ai pu me connecter temporairement grâce à Macdonald (pas le maréchal), et j'en profite pour vous faire ce petit coucou.

Diégo Mané
MANÉ Diégo
 
Messages: 3904
Inscrit le: 31 Jan 2004, 09:12
Localisation: Lyon (69)

Re: Petites histoires d'avant-postes, hiver 1814

Messagepar BOUTTET Denis sur 29 Oct 2012, 09:23

Encore !
Ils sont fous ces bretons, ils brassent la bière à l'eau de mer ...
BOUTTET Denis
 
Messages: 170
Inscrit le: 12 Mar 2004, 10:27
Localisation: Brest (29)

Re: Petites histoires d'avant-postes, hiver 1814

Messagepar BOUTTET Denis sur 29 Oct 2012, 15:45

Bonjour à tous,

En farfouillant les ressources du web, je suis tombé sur ceci :
http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k4 ... oom.langFR
J'en extrait ce texte suivant
... Le soldat anglais faisait infiniment plus de cas de ses adversiares français que de ses alliés espagnols. Le soir de la seconde journée de la bataille de Talaveyera 1809, pendant un armistice pour enlèvement des blessés, les deux armées fraternisèrent, les blessés allant souvent jusqu'à se donner des poignées de main.
Lors du séjour dans les lignes de Torres Vedras, au nord de Lisbonne,lignes sur lesquelles devaient échouer tous les efforts de Masséna (1810), le 40° régiment de l'armée britannique était cantonné dans un petit village situé en avant des ouvrages anglais "nous étions aussi tranquilles qu'en pleine paix", dit M. Lawrence. Nous étions pourtant si près de l'ennemi que nous allions souvent vaguer dans les mêmes vignes. Nous échangions alors des politesses sous forme de poignées de main"...
... Les déserteurs devenaient, des 2 côtés, de plus en plus nombreux et constituaient (voir par exemple les mémoires de Marbot) de véritables bandes qui, à bonne distance du champ des opérations, s'établissaient dans les villages et y vivaient dans l'abondance et la licence, tadi que leurs camarades restés fidèles à leur devoir, étaient soumis aux plus dures privations. Ces bandes étaient composées indistinctement d'anglais de français et aussi d'allemands provenant de la légion qui servait sous Wellington.
Or (chose remarquable), quoique les français y fussent les moins nombreux, c'était presque toujours des français qu'ils choisissaient pour leurs chefs.L'un d'entre eux, qui semblai exercer une sorte d'autorité supérieure sur toutes ces bandes, était devenu populaire sous le nom caractéritique de "Maréchal Chaudron". Lorsqu'une colonne française en eu raison des ces bandits, le commandant français envoya à Wellington, pour qu'il en fît justice, ceux des prisonniers qui étaient anglais.
... Campés sur les bords du DOuro, nous nous baignion avec les anglais qui étaient de l'autre côté du fleuve. Nous freternisions ; ils apportaient du rhum et nous du biscuit et, au milieu de la rivière, nous faision échange de politesses. Le général Sommières le défendit à notre gran regret et à celui de nos habitués, à qui nous le dîmes. Nous nous séparions bons amis en attendant la chasse des jours suivants et la chasse qu'ils nous donnèrente à leur tour à Salamanque....

Ce qui est amusant, c'est que ce contenu est tiré d'un article de 1915 faisant l'apologie des anglais au détriment des allemands en reprenant l'épopée napoléonienne.
Ils sont fous ces bretons, ils brassent la bière à l'eau de mer ...
BOUTTET Denis
 
Messages: 170
Inscrit le: 12 Mar 2004, 10:27
Localisation: Brest (29)

Re: Petites histoires d'avant-postes, hiver 1814

Messagepar BOUTTET Denis sur 29 Oct 2012, 15:47

Excusez les fautes de frappe, c'est une horreur :roll:
Ils sont fous ces bretons, ils brassent la bière à l'eau de mer ...
BOUTTET Denis
 
Messages: 170
Inscrit le: 12 Mar 2004, 10:27
Localisation: Brest (29)


Retourner vers Histoire Militaire

Qui est en ligne ?

Utilisateurs parcourant actuellement ce forum : Aucun utilisateur inscrit et 4 invités

cron