par MANÉ Diégo sur 16 Mar 2018, 13:51
Merci à Nicolas pour cet éclairage qui confirme bien ce que j'ai fait dans le passé et se vérifie encore.
"Trostlos" (désolé en Prussien), Thierry, mais j'ai ressorti mes vieux travaux, et ils confirment la bonté des choix faits en 87 et 97. Les Prussiens étaient résolument plus lents que les autres, y compris pour se reformer. Et cela se trouve confirmé par d'autres sources que je n'avais pas consultées à l'époque.
Ces dernières m'ont en outre permis de comprendre des choses qui m'avaient interpellé et que je comprends mieux désormais. Cela devrait permettre une encore meilleure prise en compte des réalités des manoeuvres et combats de cavalerie si j'entreprends une révision d'ensemble comme pour l'artillerie.
Revenant aux Prussiens, voici les "sentences" globales qui ressortent, sans rentrer dans leurs détails.
Il y avait, à l'époque qui nous occupe, essentiellement deux règlements de cavalerie "sur le marché".
1. Le Prussien, hérité des heures fastes de Frédéric II, et que par conséquent beaucoup de nations ont adopté ou copié, car il ne pouvait être que bon puisque validé par la victoire.
2. Le Français, issu des travaux de Guibert (après la défaite de la guerre de Sept ans !) que, suite aux succès révolutionnaires, beaucoup de nations commencèrent à adopter ou copier en totalité ou partie.
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Les Prussiens, suite à leur désastre de 1806, se sont remis en question et ont produit un règlement d'infanterie copié du Français et par certains points supérieur. Mais ce ne fut pas le cas pour l'arme de la cavalerie dont le nouveau règlement se traduisit par des mouvements encore plus lents qu'avant.
Un exemple "basique" : aligner 3 escadrons prussiens depuis la colonne par escadrons prenait de 7,5 mn à 12,5 mn selon la direction souhaitée en finale (sur la gauche, sur le centre ou sur la droite), les mouvements se faisant par escadron au pas selon un rituel compliqué et compassé.
La même manoeuvre exécutée par 3 escadrons français leur prenait de 45 secondes à 1,5 mn selon l'arrangement souhaité en finale, et se faisant le plus possible au galop (pivots au pas), par peloton, voire binôme de cavaliers se dirigeant par files directement de la position de départ à celle d'arrivée.
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Comparée à celle des autres nations, la cavalerie prussienne n'est à la base, ni bonne ni mauvaise.
Elle jouissait en 1806 d'une excellente réputation... qui ne suffit pas. Elle avait de bons chevaux et se trouvait bien entraînée... ce qui ne suffit pas davantage, et ces "paramètres" vont se dégrader pour la suite puisque les bons chevaux vont manquer (pris par les Français), pénalisant l'entraînement.
Mais le plus grave est ailleurs qui réside dans la doctrine d'utilisation de l'arme, réduite au soutien de l'infanterie, mais aussi et surtout dans l'obsolescence de son règlement de manoeuvres, et des choix tactiques dans le positionnement des cadres amenés à diriger et contrôler les escadrons au combat.
Le contrôle vers l'avant est notoirement insuffisant, avec le seul Chef d'Escadron en avant de la ligne de cavaliers (contre cinq officiers pour les Français)*. Le contrôle "latéral" est également inférieur, amenant une tendance à "s'étendre" indûment. En revanche l'encadrement arrière est supérieur à toutes les autres cavaleries, comme si l'on souhaitait davantage "pousser" l'escadron que le diriger.
* C'est ce choix malheureux, copié par les Anglais, qui est la cause première de la perte de contrôle récurrente constatée chez les deux nations, défaut encore exacerbé par "l'allant" des Britanniques.
Donc, pour les deux susdites nations, si stopper une charge lancée devient encore plus difficile que pour les autres, rallier un escadron après une charge devient en rapport beaucoup plus ardu qu'avec le système français. Toutes raisons qui me fondent à conserver les valeurs actuelles déjà "clémentes".
"Trostlos", Thierry, j'aurais dû vérifier avant de te donner de faux espoirs.
Amitiés,
Diégo
P. S. : pour Denis, qui s'inquiétait pour "la double peine" endurée par les Espagnols, elle se trouve justifiée par l'accumulation de "disgrâces" les accablant. Mauvais système, mauvaise utilisation de l'encadrement, inexpérience, trop petit nombre et très mauvaise qualité intrinsèque d'i-celui, chevaux mauvais et en nombre insuffisant d'où aussi un sous-entraînement chronique, cavalerie pas assez nombreuse pour espérer contrer celle d'un adversaire moyen... alors, s'agissant de la meilleure cavalerie d'Europe ! En outre, comme si cela ne suffisait pas, un état de délabrement généralisé des services d'intendance et de remonte, pas d'argent, peu à manger, rien pour se couvrir à part la ferveur religieuse, et pour couronner le tout des ordres ineptes à tous les niveaux, de la Junte au dernier "general no importa" ("général peu importe"). Pas de quoi motiver "peones" comme Hidalgos.
"Veritas Vincit"