Salut Thierry,
Il y eut deux sièges de Soissons en 1814. Le 1er où Rusca, le gouverneur de l'île d'Elbe vers 1803-1804 fut tué sur les murailles, et le second en mars, où Moreau qui le remplaça, vendit après conseil de guerre, la ville assiégée qui se défendait, aux russo-prussiens de Papa Blücher. Soissons, où j'ai habité durant douze ans, était le verrou de la rivière Aisne, entre le bastion naturel de la montagne couronnée de Laon, et la route directe et ancienne de Bruxelles à Paris, qui passe par Maubeuge -Laon - Soissons. Cet axe désordonné qui a comme place excentrée des petites cités comme Noyon, Rocroi ou Moncornet, est un axe principal d'invasion durant les guerres dites "modernes", depuis le XVIème siècle (Voir la guerre de Trente Ans) jusqu'à aujourd'hui (Voir la 2ème Guerre mondiale et les batailles du colonel de Gaulle). Soissons en et son verrou & les Allemands l'ont bien compris qui lors de la grande Guerre de 14-18, ont installé le Q.G. du konprinz près de Blérancourt non loin de là, qui lors de la seconde Guerre mondiale, ont installé le Q.G. Europe occidentale de Herr Hitler au nord de Soissons, à moins de 30 kilomètres... Cà fait froid dans le dos. Mais mille ans me serait nécessaire pour vous comter pourquoi cela fut vrai. Donc ce verrou dépasse l'histoire des Campagnes napoléoniennes, stricto sensu, et part de la vie de Clovis et de la bataille de Soissons, en 486, livrée contre Syagrius, qui permit la création de la Chrétienté moderne, jusqu'aux guerres de Crouy ou du chemin des Dames, dans les environs, lors de la Grande Guerre. Mais revenons à 1814.
Le siège de Soissons, le second, est alternatif de la prise de 60 000 prussiens contre la rivière Aisne, par Napoléon en personne, remontant avec Macdonald et Marmont sur leurs arrières et venant de les contacter à Saint Front près de la forêt de Retz. Blücher n'a d'autres alternatives en effet à s'enfuir dès lors que par le seul pont de Soissons après avoir pris la cité, ou de repasser par la route Reims-Laon, à 45 kilomètres plus à l'Est ! Il choisit quand même le pari de prendre Soissons, sans coup férir. En moins de 72 heures. Le 3 mars 1814, les russes et les prussiens, au nord de la rivière Aisne, comme au sud, poussent vers les remparts de la ville. 6 000 russes attaquent les faubourgs de Reims. Devant eux, de vieux canonniers de la vieille garde, quelques éclaireurs de la jeune garde, 3000 milices civils, et 700 polonais de la Vistule. Des héros. Ces derniers essuient depuis l'heure de 10 heures, des feux d'artillerie, et les russes prennent les faubourgs. Soudain les défenseurs tentent une sortie. Le long de la rivière la Crise. Ils repoussent, Vistule en tête, les 6 000 russes, jägers compris. Mais dans la nuit, le conseil de guerre enterrine le fait de capituler. Les polonais font respecter l'heure de la capitulation le lendemain, rue des Cordeliers, à Soissons, mais Blücher et ses allemands peuvent fuir le courroux de Napoléon qui arrive. Le gain de la campagne de France s'éloigne. Zu spät, comme on dit sur l'autre rive du Rhin. A lire "1814" de La Houssaye, en livre ancien ou de poche. On dit que ce fut le basculement de la campagne...
Professeur Frédéric Fédor.