par MANÉ Diégo sur 30 Oct 2011, 20:36
Pom-pom-pom-pom... pom-pom-pom-pom...
Les grenouilles parlent aux homards... je répète... les grenouilles parlent aux homards....
Bon, là, c’était pour rire, en référence à Radio-Londres, soit les rêves éveillés des deux commentateurs du cru, Thierry et Olivier, qui devraient mieux me connaître et savoir que je ne me laisserai pas influencer pour le choix des paramètres de jeu dans un sens, le leur, ou dans le même, le leur, puisque aussi bien personne ne cherche à le faire dans l’autre.
Toutefois, lesdites questions étant polémiques et ne datant pas d’hier (en fait du jour de la bataille !) je vais y apporter quelques éclaircissements d’intérêt général sinon ludique. La partie purement historique figurera aussi dans la partie dédiée de notre site
Assertion 1 : “Les Français ont le moral à zéro”.
Réponse 1 : Cette idée, largement répandue est au moins en partie fausse. Le chef de l’armée, Masséna, y croyait et voulait mener son opération à son terme, avec la ténacité qu’on lui connaissait, certes diminuée en rapport de son âge (vieux et fatigué comme dit souvent un de nos maréchaux).
Les autres généraux étaient en revanche beaucoup moins enthousiastes et, plus fautifs que leur chef, dont la plus grande faute restera de ne pas avoir vérifié l’exécution de ses ordres*, déploieront pour la plupart une incompétence crasse ou une mauvaise volonté évidentes, voire les deux réunies.
* “Donner un ordre n’est rien, s’assurer de son exécution est tout” ai-je appris à l’armée.
Vous admettrez que si personne n’est à l’abri d’erreurs, en principe les joueurs faisant un déplacement le font pour jouer et que donc, à priori, nous les verrons attaquer à chaque fois que possible. Il est donc difficile de jouer sur le paramètre “tu joues un imbécile” donc je t'oblige à être bête, tu joues un lâche, un traître, donc je t'oblige à ne pas te battre = ne pas jouer !
Reste le moral des troupes, et là j’en tiens toujours compte dans la mesure du possible.
Or donc il n’était pas si mauvais que cela, malgré Buçaco, Torres Vedras, la retraite, etc...
Certes, l’état physique des troupes n’était pas au mieux, même s’il s’était considérablement amélioré depuis la fin de la retraite, le repos rendu possible, et surtout le fait d’être un peu mieux nourri après tant de privations. Au reste ne se reportèrent en avant que les hommes en état de le faire, et il y en avait bien assez pour le but que s’était fixé Masséna.
Quant ’ au moral proprement dit, tout le monde ayant bien compris qu’au-delà de la gloire qu’elle apporterait seule une victoire permettrait de bons cantonnements, on peut dire que l’on assista à une véritable impatience d’en découdre. Les Dragons aux chevaux fatigués se déclaraient prêts à charger au pas s’il le fallait. Le capitaine Marcel du 69e déclara que ses hommes se levaient fréquemment dans la nuit du 4 au 5 pour s’assurer que les "Goddem" ne partaient pas. “Tous étaient joyeux de voir l’ennemi décidé à livrer bataille.”
Ensuite, sur la question “ludique” L3C du moral à réduire en Espagne, il l’est, réduit. Par exemple, les troupes que vous verrez de moral 5, soit essentiellement les vétérans du VI° CA, les "vieilles moustaches rébarbatives", méritent 6 de base. Les troupes des deux camps abîmées le 3 seront aussi pénalisées... ou pas, etc... Au demeurant tout cela figurera sur les OBs de la bataille.
Pour les 1.800 légers français* Ligne 5 dont le général Spencer/Kerdal, commandant une division britannique de 5.400 fantassins Elite 6, a tellement peur, qu’il se rassure, ils ne sont pas en face de ses troupes, mais de celles de Picton/Beyer, ou plutôt en face du ravin encaissé plein de Rifles qui les sépare de ce général. * “Vrais légers” car vétérans de la Grande Armée.
Assertion 2 : Les Français ne combattaient plus en tirailleurs.
Réponse 2 :
Alors si, effectivement, les soldats français isolés se faisaient souvent massacrer par les habitants ou les guerrilleros, en bataille rangée ces deux articles étaient relativement absents, alors que le feu anglais était particulièrement dense et encourageait même les lignards à se disperser quand ils le pouvaient... Les tirailleurs restaient une constante incontournable de toute formation d'attaque française de l'époque. Quoiqu’il en soit je suis sûr que les "Français" qui liront ces lignes seront fiers de voir la peur qu’inspirent leurs tirailleurs aux “Anglais”.
Assertion 3 : Les Français n’avaient plus de munitions d’artillerie.
Réponse 3 : Le compte-rendu de l’état des munitions à Masséna par Eblé est du 6 au matin et non du 5 à 14 h 00. Il concernait en outre les munitions d’infanterie et non d’artillerie.
Les premières n’étaient -et n’avaient jamais été- en abondance, mais la présentation de cette pénurie annoncée aurait été délibérément biaisée par de faux rapports de chefs désireux d’en rester là.
Quoiqu’il en soit, seules la division Ferey et une brigade de Marchand avaient donné le 3. Elles avaient été probablement réapprovisionnées sur le parc le 4, d’où sa pénurie, relative tout de même puisqu’il restait 4 cartouches par homme soit 140.000 si l’on ne compte que les fantassins... et 25 à 30 cartouches dans les gibernes... oui, mais des seules unités ayant combattu, soit toujours les mêmes, plus 3 bataillons de grenadiers réunis de d’Erlon.
Tout le reste de l’armée, soit son immense majorité, n’avait pas encore tiré un coup de fusil ! Je pense donc que ces arguments n’ont été développés et amplifiés, après-coup, que pour justifier la décision finale de ne pas attaquer alors qu’on le pouvait et que la troupe et Masséna le voulaient... mais pas les généraux... qui dans notre remake le voudront, alors !
Pour l’artillerie, qui fait elle aussi si peur à nos Britanniques, c’est pire encore. Il s’avère qu’ hormis les 8 ou 12 pièces conservées par d’Erlon face à Fuentes, voisines du Parc, et qui ont en outre assez peu tiré puisqu’elles ne le pouvaient plus dès lors que des Français étaient en ville, le reste, soit 20 pièces, dont 4 ont canonné brièvement Pozo Velho le matin, contraintes durant la marche de suivre toutes le VIII° CA, qui ne s’est pas engagé, elles n’ont pu s’exprimer un tant soit peu que l’après-midi du 5... avant d’être toutes (sauf une sur laquelle on dénombra 36 impacts !) démontées par celles des Britanniques bien avant d’avoir manqué de munitions.
Alors, Messieurs les Anglais, n’ayez pas peur. Vous êtes plus nombreux (en figurines d'infanterie), plus forts même (en budget), dans une excellente position défensive, et, sans faire injure à Masséna/Jacus, mieux commandés car Wellington/Masson est plus expérimenté. Moi, des conditions comme celles-là, je ne les discute même pas, je les accepte... sans peur et donc sans reproche !
Et tout cela encore sans prendre en compte l’incongruité qui voudrait que les généraux britanniques soient au courant de détails sur la dotation en munitions où le moral d’un ennemi qui l’ignorerait lui-même. Ils sont vraiment très forts nos Anglais. Encore plus forts que les vrais !
Diégo Mané