Bonne année 2019 à toute la Planète Napoléon
Santé, bonheur et batailles rangées
Je poursuis mon cycle d'honneur des "années 90", en somme bicentenaire plus 10% !
Pour 1799 donc, les succès français sont bien moins nombreux que les revers, et chercher un vainqueur vraiment méritant m'en désigna un et un seul, Brune, dont voici le parcours.
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Guillaume-Marie-Anne BRUNE naquit en 1763. Journaliste à Paris quand éclate la Révolution de 1789, il est nommé Capitaine dans la Garde Nationale. Adjudant-major au 2e bataillon de Seine-et-Oise 1791. Commissaire général aux mouvements militaires, il fait un passage à l’état-major de Dumouriez 1792. Adjudant-général chef de Brigade (colonel d’état-major), il est envoyé à l’ «Armée de pacification» contre Wimpffen et Puisaye. Vainqueur à Pacy-sur-Eure, il est nommé Général de Brigade le 18 août 1793 et envoyé à l’Armée du Nord où il sert à Hondschoote les 6 et 8 septembre. Commandant à Bordeaux jusqu’en 1795. Sous Bonaparte au 13 Vendémiaire. A l’Armée d’Italie Division Masséna, octobre 1796. Sert à Arcole et Rivoli. Nommé Général de Division a titre provisoire par Bonaparte le 17 avril 1797. Confirmé par le Directoire le 7 novembre 1797.
Brune, Général de Division de la République
Assume divers commandements en chef avant de prendre celui des troupes françaises en république batave le 9 janvier 1799. Battu à Zyp le 9 septembre, vainqueur à Bergen le 19. Vaincu à Egmont près d'Alkmaër le 2 octobre mais vainqueur décisif à Castricum le 6, il obtient le 18 le rembarquement des Anglais du duc d’York et de leurs alliés russes. Quelques jours plus tard le Tsar Paul Ier se retire de la coalition. Commandant en chef l’Armée de l’Ouest janvier-avril 1800, puis de l’Armée de Réserve de 2e ligne à Dijon en juin, enfin de l’Armée d’Italie août 1800. Vainqueur au passage du Mincio en décembre 1800. Prend Vérone le 3 janvier 1801. Entré au Conseil d’État comme président de la section de la guerre. Ambassadeur en Turquie de 1802 à mars 1804, il est nommé Maréchal de l’Empire le 19 mai.
Brune, Maréchal de l'Empire
Gouverneur général des villes hanséatiques le 15 décembre 1806. Commandant le corps d’observation de la Grande Armée en Allemagne du Nord il s’empare de Stralsund sur les Suédois le 15 juillet 1807. Disgracié le 27 octobre pour avoir accepté la capitulation suédoise remise à «l’armée française» au lieu de «l’armée impériale», mais peut-être aussi et plutôt en tant que «déprédateur intrépide»*, comme le qualifiera Napoléon à Sainte-Hélène. Quoi qu’il en soit, il se retrouve «disponible» jusqu’en 1814 où il se rallie aux Bourbons, ce que pour le coup on peut mieux comprendre que pour beaucoup d’autres maréchaux «dorés sur tranche» par le Maître.
* "On ne parlait pas, il est vrai, dans l'armée, dit Villeneuve, de ses fourgons comme de ceux d'Augereau et de Masséna ; mais on y disait des pillards les plus habiles que s'ils ne volaient pas en plein midi, ils volaient à la brune."
Employé par Napoléon devenu moins «difficile» lors des Cent jours, Brune se retrouve Gouverneur de la Provence et commandant le petit IXe corps d’observation sur le Var. Il maintient le drapeau tricolore à Toulon jusqu’à fin juillet 1815, ce qui lui vaut d’être décrété d’arrestation. Montant à Paris pour se justifier il a la mauvaise idée de passer par Avignon que Napoléon, plus avisé, avait soigneusement évité en 1814. Il y est assassiné d’un coup de carabine et de cent (qui les a comptés ?) coups de poignard par la populace puis jeté dans le Rhône où son corps sert encore de cible aux courageux royalistes plus d’une heure durant. Triste fin, et je vous passe les détails sordides advenus à sa dépouille.
Avignon, le 2 août 1815
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Une carrière en demi-teinte donc, dont on se demande en quoi elle justifia le bâton de maréchal... Mais «la promotion de Bessières autorisait tous les espoirs» (dixit Marmont), sans parler de plusieurs autres encore bien moins méritants. Et donc c’est peut-être bien le côté «général politique» que Bonaparte, un autre «général d’insurrection», qui l'employa le 13 Vendémiaire, récompensa.
Mais pour nous et aujourd’hui pourquoi honorer en 2019 la mémoire de Brune plutôt qu’une autre ? Notamment celle qui, à première vue, paraît évidente pour 1799, celle de Masséna ! En effet, les «Républicains» de la période revancharde (1871-1914) , qui ne reconnaissaient rien de bon aux périodes impériales, avaient encensé Masséna comme «le sauveur de la France» après sa victoire de Zürich qui, selon eux, rendait absolument inutile le recours à "l'homme providentiel" Bonaparte, lequel, comme chacun sait, renversa le Directoire et finit par confisquer la République pour la transformer en un Empire dont il se couronna empereur.
Alors pourquoi pas Masséna ? Deux raisons. La première c’est que je l’ai déjà «traité» comme «l’homme de 1810», mais aussi et surtout parce-que j’ai constaté que sa victoire de Zürich II est tout aussi politique que celle de Jourdan à Fleurus. Pour un vétéran tel que Masséna, vaincre à trois contre un le «perdreau de l’année» Korsakov ne fut pas difficile, mais le Directoire s’empara, au milieu d’une pléthore de défaites, de cette «grande victoire» pour la raison susdite, passant pudiquement le voile sur la défaite de "Zürich I" du même Masséna au même endroit mais contre un adversaire plus digne de lui, l’Archiduc Charles !
Et donc, une fois «sorti» Masséna malgré "Zürich II", et constaté les défaites de ses collègues Jourdan, Schérer, Moreau, Joubert et Macdonald, tous battus, il ne reste de victorieux que Brune. Et victorieux de qui ? Des Anglais du duc d’York, excusez du peu, contraints à se rembarquer piteusement avec les Russes qu'ils avaient entraînés là. Combien de généraux français peuvent-ils se targuer d’avoir «rejeté les Godons à la mer» ? Comme on en cherchera vainement un autre à l’époque autant consacrer le seul qui y soit parvenu, fut-ce par traité, et l’honorer au titre de 1799.
Ajoutons la caution impériale, décernée post mortem : "Brune fut à juste titre proclamé le sauveur de la république batave... En sauvant la Hollande, il a sauvé la France de l'invasion..."
Dont’acte donc. Pour 1799, honneur à Brune qui chassa les Anglais de Hollande.