Bonjour,
Ces ensembles reprennent la série d'articles supprimés suite à un surplus de vues anormales.
Nous verrons ici les forces et surtout les faiblesses du royaume des Deux-Siciles (la Sicile et la partie Napolitaine) avant, pendant et un peu après l'ère révolutionnaire et napoléonienne.
La source principale vient des ouvrages sur cette armée faite par Virgilo ILARI qui a analysé ce pays de 1700 à 1861, date de l'avalement du royaume par celui de Piémont-Sardaigne.
L’avant-Révolution
Le royaume de Naples et Sicile, appelé Des Deux-Siciles, était à la fin du XViIIe siècle un état qui n’attirait plus autant qu’avant pour sa culture, ses réformes mais qui restait une puissance certaine et avec une économie brillante. La dynastie des Bourbons-Sicile issue des Bourbons d’Espagne était beaucoup plus réformatrice, tant militairement qu’administrativement, que l’Espagne de Charles IV mais se heurtait souvent à un peuple encore très conservateur.
Lorsque la Révolution éclatait en France, la reine des Deux-Siciles, Marie-Caroline de Habsbourg, sœur de la reine de France, Marie-Antoinette, régnait avec son mari Ferdinand IV de Naples. Elle avait fait nommer en 1780 un italo-anglais, Giovanni Acton, ancien officier de la marine royale française, comme chef de l’armée. Il devenait en 1789 ministre d’état et faisait penchait le couple royal vers l’Angleterre. Il avait modernisé l’armée et surtout avait créé des écoles, dont la plus célèbre l’Académie Royale Militaire, qui en s’installant à la Nunziatella, en prendra le nom et reste encore de nos jours une des principales écoles militaires de l’armée italienne. Il avait aussi fait venir de l’étranger de nombreux officiers et sous-officiers dès 1786, en tant qu’instructeurs et organisateurs. Certains avaient une expérience de la guerre d’indépendance américaine et mettaient en place la notion de troupes légères. Les personnes chargées de superviser les réformes étaient le Suisse de Salis, maréchal de camp au service français, assisté de deux autres Suisses, de Gambs et de Burckardt, et du Suédois Rosenheim pour l’infanterie. Un Français, le brigadier Oreille, était chargé de la réorganisation de la cavalerie tandis qu'un autre Français, de Pommereul, élève du célèbre Gribeauval, se voyait confier les armes savantes, soit le génie et l’artillerie. Il est à noter qu’un certain sergent Augereau, futur maréchal de Napoléon, y fut soldat instructeur.
Leur travail fut important notamment mais deux obstacles vinrent ralentir l’effet de leurs réformes : le Roi s’opposait à la création d’un état-major général permanent empêchant de gérer l’armée sur le long terme. A cela s’ajoutait le conservatisme des élites, qui allait qu’en augmentant avec la dissolution de la Garde royale et du corps des Volontaires de la Marine. Ensuite, les intrigues de cour ralentissaient le travail de réformes. La seule arme qui n’était pas exposée à ses freins était, comme dans beaucoup de pays, l’artillerie et le génie.
En 1788, l’armée comptait 20 régiments d’infanterie, 8 de cavalerie de ligne (les dragons avaient été supprimés cette année-là) et deux régiments d’artillerie (qui fournissaient les officiers d’état-major) et une marine conséquente et bien instruite. L’armée comptait alors 57587 hommes en temps de paix et 61543 en temps de guerre. Le modèle était l’armée espagnole d’alors. C’était particulièrement visible pour les unités provinciales (120 compagnies) et la marine. Le vrai problème était cependant la logistique : le train n’était recruté qu’en cas de guerre, d’où de vraies difficultés surtout pour l’artillerie.
-Chaque régiment d’infanterie comptait deux bataillons de guerre à quatre compagnies de fusiliers et de deux drapeaux chacun et un troisième bataillon dit de réserve à deux compagnies. En sus chaque régiment a deux compagnies de grenadiers qui forment avec un autre régiment un bataillon. Chaque compagnie de fusiliers disposait de 12 chasseurs armés de carabines.
-Chaque régiment de cavalerie devait compter quatre escadrons et un de réserve. Chaque escadron se divise en deux pelotons. L’escadron de réserve est chargé de la formation des nouvelles recrues. Dans chaque peloton, il y a douze hommes chargés de la reconnaissance.
-La réorganisation de l’artillerie en 1788 mettait en place un corps royal d’artillerie complètement calqué sur le modèle français de l’époque. Ce corps était extrêmement bien encadré et tout tourné vers la formation de ses membres et à l’amélioration des matériels. Deux régiments (Re et Regina) composaient ce corps. Chacun disposait théoriquement de 20 compagnies dont deux de mineurs-sapeurs. Dans la réalité, chacun ne dépassait pas les 6 compagnies dont deux de mineurs-sapeurs. Cet écart était causé par l’importance accordé à la formation des officiers et sous-officiers. Cette arme disposait aussi d’arsenaux qui servait à la marine permettant de disposer de ses propres fonderies et constructeurs. Il important de noter que les artilleurs côtiers sont formés sur les mêmes bases techniques que l’artillerie de ligne.
A cela, il fallait rajouter des unités de régiments provinciaux issus des milices dans les trois armes chargées de garder les côtes et disposant d’un entraînement régulier et sous la direction d’officiers de l’armée en réserve. Ils étaient organisés comme les unités de lignes.
Même sans état-major général, l’armée disposait de matériel de qualité fait sur place et l’artillerie voyait son nouveau système d’arme type Gribeauval (y compris les fonderies) diffusé.
Cependant malgré de nombreux efforts, le plein effectif n’était jamais atteint tant en raison de difficultés de recrutements (manque de personnel, paiement de taxe pour remplacer le service…) que de capacité à gérer les effectifs. L’infanterie était plus faible en effectif et la cavalerie n’était qu’à moitié de l’effectif théorique, suite à la difficulté de trouver des chevaux de bataille.
La marine napolitaine était une des plus importante de l’Europe du Sud et surtout disposait de grandes qualités d’entraînement et en matériel, même si elle n’a pas combattu en masse. Elle disposait de solides bases et d’arsenaux de hauts niveaux. Elle était vue comme la gardienne de la Méditerranée contre les Ottomans et les Barbaresques. Elle disposait, en 1788, de 39 navires (4 navires deux-ponts, 6 frégates, 12 chebecs et le reste en plus petits navires) d’un corps de marins et d’un régiment d’infanterie de marine.