par MANÉ Diégo sur 13 Avr 2011, 21:45
S’il vous en souvient, plus haut dans ce post, je vous ai cité le témoignage de Chlapowski relatif au combat de Benavente en 1808, le revoici :
“Plusieurs chasseurs nous montrèrent des contusions sur leurs dos et sur leurs bras, et des marques noires sur leurs visages ; ils nous dirent que les Anglais les frappaient du plat du sabre au lieu du tranchant, leurs sabres trop larges de lame ne permettant pas d’assurer leurs coups comme avec les nôtres.”
Or l’étude récente de Villodrigo me permet d’amener un élément relatif supplémentaire, jamais avancé auparavant, puisque je l’ai déduit des informations réunies pour l’article.
Il est dit (et même répété par les Britanniques, qui s’en font gloire) que le 15e Chasseurs à Cheval du colonel Faverot a terminé le combat avec seulement deux officiers indemnes, sept ayant été blessés et les autres contusionnés.
Le régiment comptant 28 officiers, le nombre des contusionnés s’élève donc à 19, la plupart desquels, au lieu d’être “marqués” mais non mis hors de combat, auraient grossi la liste des blessés si le sabre britannique avait été à même de “tailler” correctement. De quoi frémir rétrospectivement, non ?
En effet, ce sont donc 26 officiers sur 28 qui ont été “touchés” et auraient normalement dû être blessés. Si l’on rapporte cette proportion à la troupe le 15e Chasseurs aurait été “effacé”, pour reprendre l’expression de Chevalier.
Encore que l’exemple de Béteille, dont les éventuelles et probables contusions ne sont même pas évoquées tant la liste de ses "vraies" blessures est longue, vienne tempérer le catastrophisme. Il a fallu douze blessures pour mettre finalement le colonel hors de combat là où il suffisait d’un seul coup de pointe aux Français pour en outre le plus souvent tuer leur adversaire...
Et pourtant, malgré ces terribles handicaps, qu’il me paraît honnête de constater, les cavaliers britanniques ont remporté beaucoup de leurs combats dans la Péninsule. Il faudrait en déduire que lesdits handicaps, sans doute compensés par des qualités, comme entre autres celle des chevaux, ont dû équilibrer un rapport de forces "technique" que j'avais dans le principe jugé défavorable.
Je vous donnerai bientôt une liste, que j'espère participative, des combats de cavalerie entre Français et Anglais dans la Péninsule. En la préparant j'ai déjà pu constater que beaucoup de combats perdus par les Français l'ont été avant tout parce-que les Britanniques ont fait un plus fréquent et meilleur usage des trois armes, alors que l'idée reçue indiquait le contraire !
Diégo Mané
"Veritas Vincit"