1812. Le sac de Badajoz

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1812. Le sac de Badajoz

Messagepar MORTIER JeanBaptiste sur 30 Aoû 2015, 09:59

Bonjour les amis,

En lisant un bouquin je suis tombé sur le siège de Badajoz par les troupes britanniques et portugaises contre les Français.

Il semble que les Alliés auraient saccagé la ville pendant trois jours après leur victoire sous les yeux de Wellington.

Du coup, connaissant Wellington pour sa sévérité envers les pillards je m'étonne. Que c'est-il réellement passé à ce moment-là ?

Merci pour vos infos.

JB
MORTIER JeanBaptiste
 

Re: 1812. Le sac de Badajoz

Messagepar MANÉ Diégo sur 30 Aoû 2015, 16:20

Ciudad-Rodrigo et Badajoz en 1812, San Sébastian en 1813, auront le "padebol" d'être libérés de l'oppression française (qui les laissa debout) par leurs très chers (dans tous les sens du terme) alliés britanniques (qui les saccagèrent sans merci).

La dernière de ces cités "libérées" fut même "rasée de près" par ses libérateurs qui n'y laissèrent que dix-sept maisons pillées debout par suite de l'incendie généralisé qu'ils avaient provoqué. Comme à Badajoz, les Français observaient horrifiés depuis la citadelle le carnage sans nom (pillage, viols, meurtres...) qui se déroulait à leurs pieds.

Bruno aura sans doute davantage de détails, puisque Napier lui-même n'a pas craint de les décrire !

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Re: 1812. Le sac de Badajoz

Messagepar MASSON Bruno sur 03 Sep 2015, 05:50

Pour compléter le tableau, on pourrait rajouter Tarragone, qui sera pillée par Suchet après le siège, de façon volontaire et plus systématique cette fois.

Le pillage d'une ville prise d'assaut fait partie de ce qui est "commun" dans les siècles précédents, les troupes ayant pris les brèches se dédommageant des pertes et des horreurs de l'assaut pendant une période plus ou moins longue; et les assaut des 3 villes sus-nommées ont été particulièrement sanglants.

Pour San Sebastian, l'incendie est allumé avant l'assaut, puisque ce dernier sera repoussé de 2h pour attendre que la conflagration s'éloigne de l'arrière des brèches où il risquait d'empêcher les assaillants d'entrer dans la ville. Son origine est indéterminé, car les Anglais n'ont pas tiré à incendier, mais un accident dû à une bombe est possible, comme est possible l'incendie par les assiégés justement pour gêner l'assaut imminent. Toujours est-il que les français se sont empressés d'oublier de l'éteindre puisqu'il aidait la défense....

sur le point des français "horrifiés", c'est risible, soit à Cuidad soit à Badajoz (voir les deux), ils s'étaient déjà rendus (pas le temps de vérifier) puisque leur garde a du repousser certains pillards pour les sortir de la ville, en tout cas il le feront sur les 2 villes avant la fin de la période de pillage. Sur San Sebastian, avec la fumée de l'incendie et la position de la citadelle, ils n'ont pas pu physiquement voir grand chose...

Rapidement sur la réaction de Welley aux 2 sièges de 1812, il est plutôt fumasse et va, à son habitude, sortir une adresse à toutes les troupes engagées dans l'assaut les couvrant d’opprobre alors qu'une grande partie n'a pas participé aux désordres. Les officiers cherchant à calmer leurs troupes se feront souvent tirer dessus, sans être touchés parce qu'avec 3 grammes dans chaque poche et un mousquet à âme lisse on ne tire pas très droit. Le calme sera rétabli après 3 jours et la pendaison sur la place d'arme d'une poignée de flagrant délits pris par les gens de Larpent.

A San Sebastian il n'est pas là, mais devant San Marcial où Soult fait semblant de chercher à dégager la place, et manque de perdre la moitié de son armée en le faisant.
MASSON Bruno
 

Re: 1812. Le sac de Badajoz

Messagepar MORTIER JeanBaptiste sur 03 Sep 2015, 11:02

merci pour ces réponses cela m'éclaire mieux
MORTIER JeanBaptiste
 

Re: 1812. Le sac de Badajoz

Messagepar MANÉ Diégo sur 03 Sep 2015, 19:40

Tarragone n'est pas comparable aux trois sacs perpétrés par les Britanniques, qui s'y sont livrés aux dépens d'une population alliée dans des villes "ouvertes" puisque les garnisons françaises s'étaient soit rendues soit repliées dans la citadelle.

Tarragone fut un affreux massacre (qui mériterait son post a lui) mais résulta d'une prise d'assaut de la ville ennemie qui continua à se défendre après les sommations d'usage une fois la brèche reconnue praticable... Et meme une fois les troupes françaises entrées en ville, comme à Zaragoza !

Dès lors, et selon les lois de la guerre fort bien rappelées par Bruno dans le post sur l'occupation de Toulon en 1793, la ville était de bonne prise pour la troupe qui en usa et abusa.

Le premier responsable est le gouverneur espagnol qui par gloriole ou peur poursuivit la résistance au delà du raisonnable au mépris de sa population et de sa troupe qui payèrent sa faute de leurs vies.

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Re: 1812. Le sac de Badajoz

Messagepar MASSON Bruno sur 09 Sep 2015, 17:41

argument franchement pas recevable, mais on raconte beaucoup de bêtises, donc revenons aux faits chiffrés:

Tarragone: siège sanglant du fait de la qualité de la défense, mais assaut "facile", car déclenché depuis une tête de sappe située à moins de 100m du fossé, sur un mur où plus une pièce n'est en place, résultat un combat court sur la brèche, des épisodes de combat limités dans les rues, et la majeure partie de la garnison qui réussi à se réfugier dans la ville haute, preuve que l'on a cessé de la poursuivre réellement à un moment, sans doute pour aller au pillage. 500 pertes en gros admises par Suchet (peut-on le croire, ça c'est un tout autre sujet) dans l’armée assiégeante.
Ensuite le siège de la ville haute(qui se serait rendue si on avait poussé les troupe défendant la ville basse à le faire au lieu de les laisser se retrancher et de partir piller). 2e siège court et sans dommage pour les assiégeant, assaut court, une demi-heure de combat de rue organisé et un plus long temps de combat désorganisé. résultat des français dispersés dans toute la ville haute et en quête de victimes. Bref un pillage "pas-bien-pas-bien" mais certainement pas voulu par le chef français, après un siège qui aura coûté 4296 tués et blessés à Suchet (les malade ne sont pas donnés) sur 22 000 de l'armée de Catalogne

Ciudad Rodrigo: siège mal conçu par manque de professionnalisme, assaut court et sanglant car partant de loin face à des canons pas tous démontés, sur 2 brèches distinctes plus 2 escalades de diversion qui réussissent, la garnison poussée vers la place d'arme se rend en masse et leur chef tout seul avec son état-major dans la citadelle se rend dès qu'on lui demande. Des cas de pillages avérés mais sans plus, des centaines d'intoxication alcoolique à la réserve d'alcool de la ville et des décès dans les soldats imbibés ou leurs voisins; les troupes sont sous contrôle ou le deviennent très vite sous les invectives de Picton et les coups de crosse distribués à l'envie par les brigadiers de la Light Div. 600 pertes en gros sur les 7000 dont les généraux Crafurd et Mackinnon morts, et le matin tout est calme (assaut après la tombée de la nuit) Bonne conduite des troupes aprèsla capture d'une ville fortifiée (voir Lübeck 1806, ou Iéna 1806 où les français n'ont même pas l'excuse d'une résistance de la ville pour les 3 pillages successifs)

Badajoz: siège toujours mal conçu pour la même raison, assaut très long et très mal conduit (entre 3 et 5 assauts successifs sur les brèches, tous repoussés de façon sanglante, puis la 3rd capture par escalade le château prévu comme citadelle et la 5th escalade une portion du mur peu gardée et prend à revers les défenses françaises pendant qu'un nouvel assaut est lancé de face. la garnison se rend et le gouverneur fait de même au matin. les troupes d'assaut sont laissées au pillage pendant 18h comme elles en avaient gagné le droit. le calme revient presque de lui-même, la présence des potences et l'épuisement des pillards ayant joué de concert. les pertes sont effrayantes, 31% 900/3000) dans la light div, 27% (925/3500) dans la 4th, plus 400 portugais dans leurs brigades attachées, 18% (700/4000) dans la 3rd qu n'a fait qu'une escalade, et 490 dans la brigade Walker de la 5th ayant pénétré la ville.
Welley,en 1820, dans une lettre à Canning sur un autre sujet, dira que s'il avait fait passer par les armes la garnison de Cuidad Rodrigo comme il en avait le droit, aurait à son avis économisé 5 000 soldats d'élite dans le siège suivant, et qui lui ont bien fait défaut dans la campagne de cette même année.
MASSON Bruno
 


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